Le plan de végétalisation de la ville se concentre sur les seuls endroits publics et les voiries. « Il n’intègre pas les espaces verts privatifs des maisons individuelles ou propriétés situées en ville, en particulier dans son centre élargi », regrette Henri-Noël Ruiz, nouveau conseiller municipal de Révéler Rennes (opposition). « Il ne pose pas la question de leur devenir face aux politiques de densification portées par la stratégie urbaine de la ville. »
Pour l’élu, cette politique urbaine est bien sûr nécessaire pour répondre aux besoins de développement. Elle permet d’éviter de consommer des zones agricoles, naturelles et forestières sur ses périphéries. « Néanmoins, elle doit d’abord consister à construire la ville sur la ville. » En d’autres termes, elle doit optimiser l’existant, recycler les friches urbaines et les terrains artificialisé aujourd’hui délaissés.
Il ne s’agit pas de contester l’impératif de densifier, mais il faut le faire en empêchant que cela ne se traduise par une accentuation du réchauffement climatique. » Henri-Noël Ruiz, ancien directeur de l’Agence d’urbanisme de Rennes Bretagne (Audiar)
Mais à Rennes, de nombreux projets immobiliers se construisent sur des parcelles de maisons individuelles. Ils réduisent leurs jardins comme peau de chagrin, passant d’un taux a minima de 70 % de végétalisation à 15 voire seulement 5 % d’espaces en pleine terre. « Clairement, nous sommes en train d’assister à une forme de disparition à bas bruits de la trame verte urbaine privée de la ville, une trame souvent “invisible” aux yeux des Rennais. Or, son rôle est toutefois essentiel dans la lutte contre les ICU (îlots de chaleurs urbains), la protection de la biodiversité et l’absorption des eaux pluviales. »
Cette diminution serait certes compensée par le biais de toitures et murs végétalisés. « Cependant, l’expérience montre que ces aménagements sont des plus modestes en surface quand ils ne sont pas que des promesses sans suite de promoteurs pour verdir leurs projets. » À l’inverse de la municipalité, Henri-Noël Ruiz milite en faveur de la reconnaissance de cette trame verte et bleue urbaine et privée. « Le suivi de son évolution est une nécessité. Il s’agit d’apprécier la valeur écologique de ces jardins et du foncier qui les porte, notre bien commun à tous. C’est l’alerte que nous formulons afin que vous réfléchissiez à des mesures de protection plus sérieuses les concernant. Sans mauvais jeu de mots, le plan de végétalisation ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt. »