En 20 ans, la ville de Rennes s’est déjà réchauffée de 1,1 degré par rapport à la période 1961-1990. « Mis à part en 2010, toutes les années ont été en moyenne plus chaudes », précise Didier Chapellon, adjoint à la biodiversité. « Durant les nuits d’été, la température ne redescend plus, car le béton, la pierre, les bâtiments renvoient la chaleur emmagasinée pendant la journée. Résultat, il fait environ deux degrés de plus dans le centre au milieu de nuit, avec des différences à plus de neuf degrés observés en juillet 2022 entre Melesse et la place du Parlement. Ces nuits tropicales à répétition ne sont pas sans conséquence sur notre sommeil et nos organismes. »
Devant ces chiffres alarmants, la ville tout entière doit s’adapter aux répercussions bien concrètes du dérèglement climatique. « Faute de quoi, dans quelques décennies, voire seulement dans quelques années, le cœur de Rennes sera tout simplement invivable une bonne partie de l’année. » Pour ce faire, différents leviers sont à la disposition de la collectivité. « Nous repensons l’urbanisme, changeons les matériaux de construction, mettons l’automobile à sa juste place, créons des espaces ombragés… Mais la végétalisation massive de notre tissu urbain est bien sûr l’un des outils indispensables. »
Entre le début de mandat et novembre 2023, la ville de Rennes dit avoir planté et augmenté son patrimoine arboré de 11 300 arbres, soit une hausse de 8,5 % du nombre de sujets. « Nous visons 30 000 arbres nets d’ici 2026. » Mais dans le centre-ville, les plantations demeurent plus difficiles (habitat dense, voiries anciennes, réseaux souterrains, accès au secours, enjeux patrimoniaux). « Dans le cœur de Rennes, 88 arbres ont déjà été plantés, notamment aux abords des stations de métro ou sur la place de la mairie (18). »
Désormais, la ville veut investir de nouveaux espaces. Elle compte végétaliser les places, les rues du centre-ville et en particulier celles connectées aux rivières, ainsi que les quais de Vilaine. « Car les plantations n’offrent pas simplement plus de fraîcheur par l’ombre et par la respiration des espaces plantés, elles sont également des occasions de désimperméabiliser les sols et donc de lutter contre le ruissellement. »
Au total, près de 300 arbres seront plantés d’ici la fin du mandat (2026). « En 2030, ce nombre s’élèvera à 500 grâce aux 200 arbres plantés à la faveur du projet des quais de Vilaine entre 2027-2028. » Dans l’opposition, Henri-Noël Ruiz (Révéler Rennes) souscrit au bien-fondé de ce plan de végétalisation. « Nous espérons au passage qu’il soit le signe d’un changement culturel profond dans la façon d’aménager l’espace public, car nous avons encore en mémoire quelques ratés en la matière. »
Infos + : Portes Mordelaises, 24 arbres prévus (2024), place du Champ-Jacquet & axe nord-sud, 25 arbres programmés (2024-2025), boulevard de la Liberté, 78 cépées (hiver 2023-2024), place des Lices, prolongation de l’alignement existant à l’Ouest, 10 arbres environ, abords Hôtel-Dieu (rue Saint-Malo & Hôtel-Dieu), 24 arbres (2025), projet sur les des quais de la Vilaine, 200 arbres.