Ce 13 mai 2023, des individus font irruption devant la médiathèque de Saint-Senoux. Ils manifestent contre des lectures pour enfants animées par des drag-queens. « Moins de trans, plus de France », peut-on lire sur une des pancartes. Reconnu sur une photo, un des militants comparaissait ce jour devant le tribunal correctionnel de Rennes où se déroulait dans le même temps une manifestation de l’ultragauche (voir notre article).
Propre sur lui, chemise blanche, le prévenu est athlétique. Dos musclé, il a la coupe réglementaire des activistes d’extrême droite. Étudiant en sciences politiques, ancien responsable local de l’Action française, le Maurrassien ne se démonte pas devant les juges. « J’ai pris le mégaphone », confie-t-il. « Je l’ai tenu parce que je suis peut-être plus courageux que les autres. On m’a donné trois slogans à crier et je les ai répétés. »
En parfait militant, l’homme tente d’expliciter sa participation. « L’objectif de l’action était de faire passer un message politique », assène-t-il. « J’ai décidé de me sacrifier. C’est pour cette raison que je n’étais pas masqué et que je suis présent aujourd’hui pour m’expliquer. Si, pour porter des idées, il faut choquer des passants. Cela ne me pose pas de difficultés particulières. Je ne m’attaque pas à des personnes, mais à des idéologies. Je n’ai ainsi rien contre Florian Philipot, qui à ma connaissance est homosexuel. »
Le prévenu a admis dès l’ouverture des débats être bien l’individu à l’origine, sous le pseudonyme de Marc Visada, de la création du groupe L’Oriflamme», confie ce soir le procureur de la République, Philippe Astruc.
Aujourd’hui, l’homme tient à présenter un profil plus policé. « Je suis retiré du militantisme. Je m’occupe de mon fils et je prépare le concours d’entrée à l’ENA. » De l’autre côté de la barre, le parquet enjolive moins les choses. Il dépeint un homme ne cessant de mentir durant l’enquête. « On ne peut pas considérer le prévenu comme un martyr», confie le procureur-adjoint, Mathieu-Jean Thomas. « Il est un citoyen jugé devant un tribunal, car les tracts et les actions qu’il a commises sont punissables par la Loi. Je requiers six mois ferme, une amende de 15 000 euros pour injure publique et des peines complémentaires (interdictions de port d’arme et de participation à toute manifestation). » Aux côtés de l’accusé, maître Valentin Le Dily a plaidé la relaxe. «La procédure d’enquêtes diligentée par le procureur n’apporte pas de preuves suffisantes. Tous les infractions ne sont pas caractérisées», précise-t-il. Le tribunal a mis sa décision en délibéré au 9 octobre 2023.
Article écrit avec la participation de Matéo Gouriou.