Il y a cinq ans, à Saint-Didier, Agathe (changement de prénom) vit l’enfer. Après 34 ans de vie commune, son mari n’est plus le même. Depuis son placement en invalidité, le cinquantenaire boit et l’insulte. Mais le pire est à venir ! En octobre 2017, l’homme s’empare d’une carabine. « Si tu pars, tu as une balle », crie-t-il à sa femme cachée dans le jardin de leur maison. Heureusement, les gendarmes, prévenus par des voisins, arrivent au bon moment pour sauver Agathe.
Hospitalisé durant trois semaines à la clinique de l’Espérance à Rennes, l’individu pense être sorti de ses démons. Mais de retour au domicile conjugal, il commet l’effroyable, les 4 et 5 décembre 2017. Après avoir blessé son épouse au bras, il lui impose deux fellations, à genoux, sur des bris de verre. Mais l’horreur ne fait que commencer. Il tente de la pénétrer sous la menace d’un couteau ; puis il la viole avec un godemichet trempé dans le sang de son épouse.
En demandant pardon, l’homme a échappé à une peine encore plus sévère, » confie l’avocate de la femme violée, Marie Blandin.
Après 24 heures de souffrances et de viols, Agathe est sauvée par les gendarmes. Elle est retrouvée, prostrée dans son lit, avec un bandage de fortune. Interpellé, non sans difficulté, son bourreau lui lance une terrible menace. « Je viendrai finir le travail. Je la tuerai en sortant de prison. » Placé en détention, le mari ne reste pas longtemps en raison d’un vice de procédure !
Renvoyé toutefois devant la cour d’assises d’Ille-et-Vilaine, l’homme a été condamné au début du mois de décembre à douze ans ferme pour viols conjugaux. Il devra payer 30 000 euros à sa femme et 6000 euros à chacun de ses deux enfants. À la sortie de son emprisonnement, il sera suivi socialement et judiciairement durant cinq ans. « C’est une peine significative », estime l’avocate d’Agathe et de ses deux fils. « Face à ce drame, ma cliente a été forte et digne. Elle a su garder la tête haute. »
Le viol conjugal est un viol aggravé par la circonstance que cet acte est commis par un conjoint, censé protéger la victime. »
Mais plus encore, Agathe est heureuse de faire évoluer les mentalités, de « montrer ô combien le devoir conjugal » ne doit plus être une fatalité. « Les femmes mariées ne doivent pas hésiter à déposer des plaintes, à saisir les associations », précise son avocate. « Elles peuvent aujourd’hui obtenir de sévères condamnations de la part de la justice qui ne traite plus ce type d’affaires devant un simple tribunal correctionnel. »
Face aux logiques de contrôle, de domination, de possession et de jalousie, les épouses sortent du silence. Elles décrivent leur douleur. « Il se détruisait et il fallait me détruire aussi, » explique Agathe. Mais heureusement, les histoires ne finissent pas toujours mal. « Ce qui l’a sauvée », a martelé le procureur, lors de ses réquisitions. « C’est l’amour de ses enfants, de ses collègues, de ses proches. » Face à elle, a rappelé le magistrat, son a mari a proposé tout le contraire : le sadisme et la perversité.
Infos + : Il n’a pas eu les moyens intellectuels d’analyser les choses, de chasser ses peurs et ses fantômes », confie Olivier Dersoir, avocat du violeur quasi illettré.