Dans nos universités, combien sont-ils passionnés par leur sujet de recherche ? Combien sont-ils à consacrer leur week-end pour dénicher dans un livre d’histoire quelques anecdotes, dans un chantier un vase ? Pas certain qu’ils soient nombreux…Après leur thèse, ils se reposent souvent sur leurs lauriers. Ils piquent les idées de leurs étudiants. Bref, ils oublient leur passion pour se vautrer dans la luxure de la paresse intellectuelle.
Un expert-dénicheur
Loin d’être un universitaire, Daniel Enocq n’est pas de cette race-là, bien au contraire. Il n’en est pas moins le spécialiste des mosaïques Odorico. «Il est capable de reconnaître le dessin du maître d’un simple coup d’œil», explique un de ses amis. « Je me suis imprégné de son travail durant de longues années », relativise Daniel Enocq. « Aujourd’hui, je peux faire la différence entre le mosaïste rennais et ses concurrents directs en étudiant les dégradés, les couleurs et la finesse des mosaïques. »
Rien ne prédestinait pourtant Daniel à devenir un expert. Enfant, adolescent, il vit des moments difficiles. Jeune adulte, il devient maçon-coffreur puis vend des fanzines antiracistes. Mais il lui manque encore quelque chose. Un je-ne-sais quoi culturel, spirituel. « Un jour, j’ai poussé la porte d’un bel immeuble de l’avenue Aristide Briand, au 27-29», se souvient-il. «Devant moi, il y avait une belle entrée avec des mosaïques. C’était juste beau. Le hasard a fait mon ouverture d’esprit ! »
Environ 3000 adresses Odorico
Pour parfaire ses connaissances, Daniel Enocq dévore le livre Odorico, mosaïste art déco, de Hélène Guéné. Mais cela ne lui ne suffit pas. Commence une quête à travers la Bretagne, la Loire-Atlantique, le Maine et Loire à la recherche de ses chères mosaïques. Durant treize longues années, il pousse des portes, pénètre dans des maisons et des églises, insiste auprès de propriétaires. «J’ai commencé par mon quartier puis j’ai élargi mon champ d’actions. Je passais mes week-ends, mes vacances d’été à dénicher une salle de bains, une fresque dans un jardin rennais, des devantures à Paimpol et un dessin d’Isodore Odorico. Je saoulais tout le monde avec mes mosaïques !»
Au fil du temps, son obsession vire à l’érudition. « J’ai déniché 3000 adresses dans le Grand Ouest de la France », précise-t-il. Résultat, son travail est bien vite reconnu en haut lieu. « On a fait appel à lui lors de la grande exposition Odorico aux Champs Libres et lors de l’émission Racines et des Ailes, » confie un ami. Mais pas de quoi gonfler l’orgueil du dénicheur. Bien au contraire, il continue à sillonner sa région. « Je vais à la Turballe, ce week-end. Dans une église, il y a certainement des motifs Odorico. »
Ici où là, Daniel Enocq tombe souvent sur de vraies pépites. « Un jour, au cimetière du Nord. j’ai découvert un tombeau avec des scènes de vie dessinées par Ororico lui-même. Puis un autre jour, je suis tombé sur une frise de la piscine Saint-Georges.» Et pourtant, sa quête n’est pas encore achevée. « Malheureusement, on ne saura jamais combien de chantiers ont été réalisés par les Odorico père et fils. Toutes les factures ont été perdues… » Mais il ne désespère pas. Il invite tous les Rennais, les Bretons, les ligériens à ouvrir leurs portes pour laisser découvrir leurs trésors. Il convie surtout les promoteurs et la municipalité à sauver l’inestimable. « Il faudrait une convention pour permettre de visiter une maison avant toute destruction… »
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Voici quelques clichés pris par Daniel Enocq montrant s’il en est besoin la qualité du travail d’Odorico :
Merci pour cet article intéressant.
Je voudrais cependant m’arrêter à cette formulation : « une quête à travers la Bretagne, la Loire-Atlantique, le Maine et Loire »…
Il y a là une ambigüité qui cache le fait que « la région » administrative, abusivement qualifiée de Bretagne, exclut 1/5ème du territoire de « la Bretagne » à proprement parler.
Il m’aurait semblé plus exact de formuler les choses ainsi par exemple : « une quête à travers la Bretagne, l’Anjou »… ou bien « une quête à travers la région Bretagne, les départements de Loire-Atlantique et Maine et Loire en région Pays de la Loire ».
Dans le même ordre d’idée, je me demande d’où vient cette pratique qui consiste à doter de majuscules de simples noms communs tels « Grand Ouest ».
Ces aspects de sémantiques ne sont pas des « détails de l’histoire »…