Lors du dernier conseil municipal, Valérie Faucheux, conseillère municipale écologiste, dénonçait le « marronnie » des bouchons ! Mailgré tout, elle passait plus de quinze minutes à défendre la politique de la mobilité. A peine une semaine après, Nathalie Appéré, revient elle aussi sur le sujet dans un long communiqué et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle veut convaincre ses concitoyens. En écolo récemment convertie, elle devient militante de l’urgence environnementale. « Dire que l’on diminuera les embouteillages dans nos villes en accordant plus de place à la voiture est non seulement démagogique, mais profondément à rebours des défis que pose le réchauffement climatique. »
Il suffirait que chacune et chacun co-voiture une journée par semaine pour que la question des embouteillages soit réglée dans l’agglomération rennaise. » Nathalie Appéré
En égérie de la mobilité douce, l’élue se veut moralisatrice. « Il n’est pas trop tard pour changer nos habitudes ! Dans la métropole rennaise, la voiture est encore utilisée dans 40 % des déplacements de moins de 3 km. » Contre la voiture individuelle, elle met en avant son bilan. »En 2002, Rennes a été la plus petite ville au monde à disposer d’un métro. Vingt ans plus tard, grâce à la deuxième ligne, les trois quarts des Rennais habiteront à moins de 10 minutes à pied d’une station de métro. Les 100 000 voyages attendus chaque jour sur cette nouvelle ligne permettront d’éviter plus de 50 000 déplacements automobiles quotidiens. »
Sans aucun doute, la maire rennaise croit détenir des solutions. « Des parkings relais, des lignes de bus renforcées de manière spectaculaire, dans toute la métropole, grâce au redéploiement permis par le métro et, demain, des lignes de trambus au-delà de la rocade permettront à tous les habitants du territoire de bénéficier de cette seconde ligne. D’ici 2024, plus de 100 kilomètres de pistes cyclables sécurisées permettront ainsi de relier Rennes à quinze communes. »
Le développement du covoiturage et la baisse des tarifs des transports en commun sont autant d’incitations à limiter le recours à la voiture individuelle, à chaque fois que c’est possible. » Nathalie Appéré.
Moralisatrice encore, Nathalie Appéré en appelle aux patrons. « Le télétravail peut se déployer davantage, et contribuer à limiter les raisons de se déplacer aux heures de pointe, là où la congestion est la plus forte. Les entreprises et les administrations ont de ce point de vue un rôle fondamental à jouer. Le succès de l’expérimentation menée avec l’université pour décaler les horaires de début des cours, le matin, à l’heure de pointe, afin de fluidifier les déplacements, a montré qu’il y avait certainement beaucoup à faire de ce côté-là aussi. »
Encore mieux, Nathalie Appéré se croit investie d’une mission. « Le sens de l’Histoire nous intime de poursuivre la métamorphose que Rennes a entamée dans les années 1980, en piétonnisant d’abord quelques rues. Aujourd’hui, qui reviendrait sur l’aménagement du mail François Mitterrand, devenu un emblème de l’art de vivre à la rennaise, malgré les 1 800 signatures de la pétition qui s’élevait, à l’origine, contre le projet ? Riverains, travailleurs et commerçants, nous avons tous à gagner quand l’espace public est plus apaisé, quand les rues sont moins bruyantes et les terrasses plus larges. »
Et d’agiter les peurs. « Les 3 500 morts sur les routes à l’échelle nationale et les 48 000 décès dus à la pollution atmosphérique chaque année, dont 2000 en Bretagne, sont autant d’arguments qui doivent achever de nous convaincre, collectivement, de limiter la circulation automobile. Les bus 100 % propres que Rennes Métropole mettra progressivement en service d’ici 2030 ne sont qu’un exemple parmi tant d’autres des solutions qui nous permettent, dès aujourd’hui et plus encore demain, de laisser notre voiture au garage. Pour l’environnement, le cadre de vie, le commerce, la sécurité et la santé, et plus largement pour notre avenir et celui de nos enfants, l’heure est à l’action. Changeons ! »
Des ateliers de concertation sur la circulation dans la ville Nord se sont tenus au Couvent des Jacobins. Seuls les commerçants et les riverains de cette zone ont été conviés en premier lieu à ces ateliers.
Contre la maire et ses équipes, les patrons (petits et grands) sortent de leur silence. Habituellement, peu enclins à la critique, ils se liguent ensemble contre la politique de mobilité. « Le Carré Rennais, l’Union du Commerce du Pays de Rennes, les Marchés de France 35, la CCI Ille-et-Vilaine, la CMA35, l’Union des Entreprises 35, l’U2P, la FFB35, la FNAIM, et d’autres acteurs économiques de Rennes Métropole se mobilisent quant au devenir du centre-ville et plus largement de la Ville de Rennes, qui est désormais en tête des podiums comme la ville la plus embouteillée de France en septembre. »
Face aux constats de la suppression du parking vilaine, des lignes de bus qui s’éloignent du centre-ville, des parkings relais déjà saturés, les acteurs économiques s’inquiètent de voir le centre-ville fermé aux usagers extra-rocade qui représentent aujourd’hui près de 50 % du chiffre d’affaires de certaines activités. « Des clients pour qui l’accès va être de plus en plus compliqué compte tenu du manque de visibilité et de la temporalité des aménagements prévus par la Ville pour accompagner cette grande mutation », ajoutent les acteurs économiques rennais.
Une bonne accessibilité des commerces du centre-ville conditionne donc à minima 129 M€ de C.A de ce secteur !
Au-delà des polémiques sur la circulation, les acteurs économiques pointent du doigt la méthode de concertation qui vient de se dérouler. « Il est nécessaire de donner du temps à la concertation et ne pas figer les décisions à la seule lumière des réunions de la mairie. Premièrement, elle s’est limitée à un zonage réduit sur le centre-ville nord, s’arrêtant aux quais au sud et à l’Hôtel Dieu au nord, et sans prendre en compte la connexion du centre-ville aux différents quartiers limitrophes et plus globalement à la ville et la métropole. Deuxièmement, elle n’a pas sollicité ou alors très tardivement les différents professionnels qui exercent dans le centre-ville : Santé, Artisans, Immobiliers, notaires, avocats, Services… «
Ces acteurs économiques s’interrogent sur le manque d’ambition de cette concertation qui évoque assez peu la commercialité du centre dans une optique large (nord/sud) et qui élude complétement la future ZFE (zone à circulation restreinte) qui rebattra nécessairement les cartes en 2024. « C’est pourquoi, ils demandent qu’une concertation plus large soit mise en place à la fois sur le périmètre et l’interaction du centre-ville dans la ville et dans la Métropole et sur les différents usages de ces professionnels. Aussi, dans les tous prochains jours, le collectif des acteurs économiques sera force de propositions constructives. » Espérons un grand plan de la mobilité où tous les usagers de la route soient pris en compte sans exclusive, comme c’est aujourd’hui le cas dans le Grand Paris, cher à madame Hidalgo.
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