Place du Banat, non loin de la station du métro Le Blosne, des enfants disputent une partie de football. L’un d’eux tente un dribble sous les yeux de sa mère, assise sur le banc d’une aire de jeux. Devant un immeuble, deux hommes discutent. « On ne sait pas ce qui s’est passé », explique l’un d’eux. « Je dormais. » L’autre ne dit mot. Tous deux esquivent les questions sur les tirs survenus dans la nuit du 9 au 10 mars, ayant fait deux blessés (notre article). Mais ils finissent par parler. « Allez voir, les carreaux de l’entrée du 3, » affirme le premier. En le suivant, l’homme n’hésite pas à dire. » Si j’habitais au rez-de-chaussée, je déménage demain. »
C’est la vie, » précise un homme, résigné.
Devant la porte de sa tour, gérée par Achipel Habitat, le riverain présente les impacts auprès desquels les policiers ont déjà collé des chiffres. « Tu remarques, il y en a beaucoup ! », insiste-t-il. À l’intérieur du hall, des traces de balles sont visibles sur les murs blancs. « C’est fou, il y a des gosses qui vivent là, » ajoute-t-il. En repartant, il conseille de se rendre au numéro 4.
Au pied de l’autre immeuble, les deux entrées portent les stigmates des fusillades. Devant, un cinquantenaire, portant une grande barbe n’a pas l’air étonné. « C’est tendu depuis quelques semaines. » Un second ose dire. « C’était le bordel, cette nuit », assure-t-il. « Mes enfants ont été réveillés dans la nuit. Le soir, le jour, cela devient difficile de vivre ici quand on travaille ! »
Les tireurs sont venus de trois côtés et se sont rejoints au milieu de la place, » déclare une vieille dame.
Dans son appartement, le monsieur âgé a eu très peur. « Il y a eu des impacts, partout, dans la tapisserie, dans mon micro-ondes et dans la cuisine », convient-il. Mais il n’en dit pas plus. Il a déjà beaucoup à de nombreux journalistes. Non loin, un jeune homme rendant visite à sa grand-mère croit connaître les raisons du drame. « C’est une bataille pour le lieu de deal. Les Parisiens veulent le récupérer. Les Rennais sont d’accord, mais les Nantais qui travaillent avec les locaux, non ! C’est pourquoi cela défouraille. »
Impossible de vérifier l’information. « Ces faits pourraient concerner une dizaine de personnes impliquées. Ils paraissent s’inscrire dans la lutte conduite pour le contrôle du point de revente de stupéfiants, sur la place de Banat », précisait le procureur de la République, cet après-midi. Sous le soleil, un couple quitte le numéro 4. « Nous sommes venus voir ma mère. Elle va bien. Mais pour notre part, nous sommes bien contents de repartir à Laval. J’espère que ce soir, les policiers seront encore là. »
Cette nuit, des individus armés ont échangé des tirs à proximité d’un point de deal, dans le quartier du Blosne, à Rennes. Soutien aux habitants qui ont vécu une nuit traumatisante et sont confrontés à l'extrême violence du narco-trafic. Les forces de sécurité sont mobilisées ⤵️ pic.twitter.com/8rxzbbohuG
— Nathalie Appéré (@nathalieappere) March 10, 2024