Le 1er novembre 2024, après sa visite dans le quartier de Maurepas, Bruno Retailleau a échangé avec Paula et Nathalie, deux habitantes de longue date. Sous l’œil des caméras, le ministre de l’Intérieur a invité les deux femmes à décrire leur quotidien face aux trafiquants de stupéfiants. « Depuis quand la situation s’est-elle dégradée ? » a-t-il demandé. « Depuis six mois, ça n’arrête pas », a répondu l’une d’elles. « L’autre soir, des gens habillés en noir brandissaient des machettes. Ils sont étrangers, jeunes, certains n’ont que treize, quatorze ans. Revenez demain en jogging, vous verrez qui ils sont ! Nous vivons tous les jours dans la crainte. Ma fille me demande de déménager ! Nous n’avons plus de droits, et personne ne nous aide. »
Les deux voisines n’ont pas mâché leurs mots pour décrire l’insécurité. « Je n’ose plus aller au centre commercial du Gros-Chêne, j’ai peur ! » a témoigné l’une. « Je rase les murs. Depuis dix ans, ça empire. Il y a six mois, j’ai entendu une rafale de mitraillette. Ce n’était pas la télé. Les morts étaient réels. Nous vivons dans des quartiers de non-droit. Dès 20 heures, on s’enferme. Il faut de la police de proximité, quelque chose doit être fait ! » Face à leurs témoignages, Bruno Retailleau a tenu à préciser ses ambitions. « Rétablir l’ordre républicain, ce n’est pas pour les riches ! Car quand c’est la loi de la jungle, ceux qui en souffrent, ce sont toujours les plus faibles ». Bien décidé à combattre les « narcoracailles, » il a exposé sa vision pour rompre avec la permissivité. « Je veux lutter contre la banalisation de la drogue, du joint, du rail de coke. Les consommateurs doivent comprendre que leur stupéfiant a le goût des larmes. Et même plus, elle a le goût du sang ! »
Pour livrer bataille efficacement contre le trafic, le ministre prône l’extension de la vidéosurveillance. Plus encore, il souhaite utiliser les mêmes outils que ceux employés contre le terrorisme : renforcement du renseignement, des moyens et de la justice. « Un arsenal législatif va nous permettre de nous réarmer, car sans cet effort, la France risque de se mexicaniser. » Mais cette explication n’a pas suffi ! L’une des habitantes a exprimé son impatience. « Dans l’immédiat, nous avons envoyé des compagnies de CRS », a répondu Bruno Retailleau. « Demain, nous allons renforcer la BST (avec deux patrouilles, sept jours sur sept). Mais ce qui compte, ce n’est pas seulement de mettre des CRS dans la rue, il faut aussi s’attaquer aux têtes de réseau, démanteler toutes les filières et briser l’écosystème de la drogue. »
Pour asphyxier financièrement les trafiquants, Bruno Retailleau entend rassembler l’ensemble des services de l’État. « Al Capone n’est pas tombé pour une affaire de narcotrafic, il est tombé pour une fraude fiscale. Sous l’autorité du préfet, nous devons mobiliser le fisc, l’URSSAF, l’inspection du travail, les douanes. » Dans les prochains mois, il envisage un texte législatif ambitieux. « La lutte contre les stupéfiants doit devenir une grande cause. Il faudra du temps, et moi, je suis absolument déterminé. »