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lundi 10 novembre 2025
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Vivre en mode “niveau supérieur” : pourquoi tout devient jeu (ou presque)

Applis sportives qui transforment le mail François-Mitterrand en parcours de défi, formations en ligne des universités rennaises où l’on « débloque » des badges, challenges écolos lancés par la métropole… À Rennes, il suffit de lever les yeux pour voir à quel point le jeu a gagné du terrain. Partout, on joue à être plus productif, plus vert, plus en forme. Cette “gamification” du quotidien transforme nos comportements, parfois sans qu’on s’en rende compte. Explications. 

Quand la vie devient un terrain de jeu

Faire du sport, trier ses déchets, apprendre une langue ou même suivre une formation : presque chaque aspect de nos vies peut désormais être “ludifié”. Les applications nous félicitent à coups de feux d’artifice virtuels, les cartes de fidélité récompensent chaque achat, les entreprises lancent des “défis bien-être”.
La recette est simple : transformer une tâche ordinaire en mission à accomplir, saupoudrer de gratification et ajouter un soupçon de compétition. Le résultat ? Une motivation boostée… et parfois une dépendance bien réelle à la récompense.

Derrière cette mécanique, on retrouve un principe universel : celui de la dopamine, l’hormone du plaisir et de la récompense. Comme dans un casino en ligne payantchaque victoire – même minuscule – déclenche une décharge de satisfaction. L’industrie du jeu l’a compris depuis longtemps. Aujourd’hui, les marques, les start-up et les institutions s’en inspirent pour nous faire “jouer” à consommer, à apprendre ou à bouger davantage.

Les mécaniques du jeu : dopamine et gratification immédiate

Qu’il s’agisse de décrocher un badge sur une application de sport ou de gravir un “niveau” sur une plateforme d’apprentissage, tout repose sur la même logique : la micro-récompense.
Ces petites victoires libèrent une dose de plaisir immédiat, créant une boucle de motivation. On en veut toujours plus.

Les neuroscientifiques parlent de “boucle d’engagement”. Plus on nous félicite, plus on revient. Ce système, bien connu dans le monde du gaming, a peu à peu gagné tous les domaines de la vie quotidienne.

Les marketeurs ne s’en cachent pas : les points, les scores, les barres de progression sont devenus les nouvelles armes de fidélisation. Un concept qui séduit autant les start-up que les services publics, désireux de capter notre attention et d’encourager certains comportements.

Du marketing à la formation : le jeu comme levier d’engagement

À Rennes, plusieurs acteurs locaux expérimentent la gamification dans des contextes variés. À l’université, des enseignants ont introduit des systèmes de points et de niveaux pour motiver les étudiants dans les cours à distance. Du côté des entreprises, certains services RH utilisent des plateformes ludiques pour former les collaborateurs à la cybersécurité ou à la prévention des risques.

Même les commerces de proximité s’y mettent. Des cafés et restaurants du centre-ville proposent des programmes de fidélité digitaux avec récompenses progressives : plus vous consommez, plus vous “gagnez”.
Une façon de dynamiser le lien client tout en jouant sur la satisfaction immédiate.

La métropole rennaise, elle, expérimente aussi le jeu comme levier citoyen : via des applications comme “IntraMuros” ou “J’agis pour ma ville”, les habitants peuvent relever des défis écolos, signaler des déchets ou participer à des projets collectifs. À chaque action, un score, un badge, une reconnaissance symbolique : la citoyenneté devient interactive.

Quand le jeu devient outil social

Si la gamification séduit autant, c’est qu’elle s’appuie sur une promesse universelle : celle du plaisir. Mais aussi sur un ressort social puissant : l’appartenance.
En partageant nos scores, nos badges ou nos défis réussis, nous construisons des communautés d’utilisateurs. Ce qui n’était au départ qu’une expérience individuelle devient une aventure collective.

Dans les salles de sport, les plateformes de e-learning ou les espaces de coworking rennais, ce sentiment de “faire partie du jeu” renforce la motivation. Chacun veut se dépasser, mais aussi exister dans le regard des autres.
 

Rennes, capitale du jeu utile ?

Ville jeune, étudiante et innovante, Rennes s’impose comme un véritable laboratoire de la gamification citoyenne. Entre les écoles de design, les studios de jeux vidéo et les incubateurs comme Le Poool ou la French Tech, le ludique s’invite dans la réflexion urbaine.

Au LabFab, par exemple, des ateliers participatifs permettent de concevoir des prototypes d’objets connectés destinés à rendre les comportements éco-responsables “plus amusants”. D’autres projets, portés par des start-up rennaises, visent à intégrer la gamification dans la santé, la mobilité ou l’éducation.

“L’idée n’est pas de transformer la ville en terrain de jeu géant, mais d’utiliser le jeu comme outil de sensibilisation”, explique un coordinateur local du programme Territoires Apprenants. “Quand on apprend en jouant, on retient mieux, on s’implique plus.”

Les limites d’une société du jeu permanent

Mais jusqu’où peut-on aller ? Certains chercheurs alertent déjà sur les dérives possibles d’une société “gamifiée”. Derrière l’aspect ludique se cache parfois une logique de contrôle : nous sommes incités à adopter certains comportements sans toujours en mesurer la portée.

Les applications de bien-être, par exemple, collectent des données précises sur nos habitudes de sommeil, d’alimentation ou d’activité. Sous couvert de jeu, elles dessinent un portrait comportemental d’une grande valeur pour le marketing.

La frontière entre motivation et manipulation devient alors ténue. Car si la gamification stimule, elle conditionne aussi. L’utilisateur n’agit plus seulement par choix, mais pour la récompense attendue.

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