Après une nuit de violences, à Rennes, la maire, Nathalie Appéré, avait demandé des explications au préfet sur le « manque de réactivité » des forces de l’ordre. Piqué au vif, l’intéressé Philippe Gustin avait rappelé l’engagement ferme des policiers et des gendarmes. Avant d’ajouter : « plutôt que de polémiquer, nous devons travailler ensemble pour terroriser ces terroristes et faire en sorte qu’ils ne recommencent pas ! » Mais au passage, il avait égratigné la connivence de Rennes 2 pour les « ultras ».
Quelques jours après, lors d’une interview exclusive accordée hier au journal Ouest-France (1), le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin est venu au secours de son préfet, Philippe Gustin. « Il s’est bien exprimé », a-t-il proclamé dans les colonnes du quotidien. « Je suis parfaitement solidaire de ses propos. Nous avons dû mettre la maire de Rennes sous protection policière à la suite de violences (après des menaces, au cours du conflit contre la loi Travail). »
En clair, Nathalie Appéré a été protégée par l’État. En filigrane, elle est donc malvenue de critiquer l’action du Gouvernement dans la mesure où elle a profité de l’aide des forces de l’ordre. Que répondra notre première élue ? Au-delà de la polémique, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin veut désormais avancer dans le dossier « ultra-gauche ». « En ce qui concerne le groupe “Défense collective” (DefCo) nous leur avons notifié, il y a quelques jours, le contradictoire, procédure préalable à la présentation du décret de dissolution au Conseil des ministres », a-t-il précisé au quotidien.
Comme l’a relevé Le Télégramme, le mouvement s’est aujourd’hui exprimé dans un long communiqué sur Instagram. Il tient à rappeler son rôle dans la « protection des manifestants » contre les violences policières. « Notre dissolution, si elle venait à se concrétiser (…), ouvrirait en revanche un boulevard aux pratiques répressives. Ce qui est attaqué, à travers notre mouvement, c’est bien plus largement la possibilité même de se défendre ensemble au tribunal, ou de se protéger des armes de la police. L’emploi généralisé des procédures contre nous aujourd’hui constitue une nouvelle étape dans la frénésie d’un pouvoir aux abois. (…) Peu importe la suite des évènements, le combat continuera. »
Au passage, Def Co dénonce « l’échec cuisant du maintien de l’ordre lors de la manifestation » contre la loi immigration du 25 janvier. Ce qui peut paraître un brin paradoxal quand on connaît sa position sur les violences policières ! Dès à présent, le rapport de force est désormais engagé avec l’État, qui, au-delà des effets d’annonce dans les colonnes d’un grand journal, devra assurément aller jusqu’au bout de ce dossier pour éviter les critiques de part et d’autres de l’échiquier politique.
Infos + : À propos des organisations d’extrême droite et d’extrême gauche, Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, affirme dans le journal : « Il faut dénoncer non seulement leur violence, leurs structures et les complaisances politiques de certains à leur égard. Qu’ils soient d’ultradroite ou d’ultragauche, ils doivent être condamnés de la même manière. »
(1) : ce qui en dit long sur le respect de la pluralité de la presse en France de notre gouvernement.