Ce vendredi, les JO de Paris ont offert une cérémonie grandiose, grandiloquente, magnifique. Ils ont procuré des moments inoubliables; lors du défilé des délégations olympiques sur la Seine, de l’embrasement lumineux de la tour Eiffel et de la prestation de Céline Dion. Ils ont fait verser des larmes au cours de de l’allumage de la vasque par Teddy Riner et Marie-José Pérec ou encore lors de l’apparition du quatuor « prestigieux » (Nadia Comaneci, Rafael Nadal, Serena Williams et Carl Lewis) et de Zinedine Zidane.
Toutefois, il y a eu du moins bien ! Comment s’enflammer pour la Cène présentée par Thomas Jolly (le grand GO) où les femmes à la barbe ont parfois choqué les membres de la communauté catholique dans tous les pays du monde. Certes, la France n’est pas seulement la fille aînée de l’église. Elle est aussi celle de Charlie Hebdo, de l’Humanité, de Libé et des bouffeurs de curé. Mais en ces temps de fracture nationale, l’heure était peut-être à la réconciliation, à ce fameux « vivre en intelligence » tant choyé par nos élites.
Mais ne vous y trompez pas, on ne critique pas le choix artistique et esthétique ! Bien au contraire, le chanteur Philippe Katerine en Dionysos bleu était poilant ! Le défilé haute couture et haut-perché a trouvé grâce à nos yeux. Nous aurions toutefois aimé une plus grande diversité dans la représentation de notre pays et, tout simplement, dans la cérémonie. Voir la France plurielle ! Mais rien de grave, Thomas Jolly et son équipe feront amende honorable avec trois Pater et deux Avé !
En revanche, où étaient le peuple et les enfants ? Lors de l’allumage de la vasque (qui rappelait étrangement l’arrivée du président au Louvre le jour de son élection), personne. Lors du discours de Tony Estanguet et d’Emmanuel Macron (sifflé), pas un gars et une fille du peuple. Sur les bords de Seine, les visiteurs étaient présents. Mais parqués derrière des barrières, QR code sur pattes pour des questions de sécurité, ils ne venaient pas tous de Bazouges-la-Pérouse et de Baguer-Pican !
En se tenant au cœur même de la ville organisatrice et non dans un stade, le spectacle était disruptif (comme diraient les adeptes de la novlangue). En se tenant dans Paris, il aurait pu être en tout cas plus universel, plus égalitaire, plus social. Sur les bords de Seine, 211 405 personnes étaient invités sur les 300 000 spectateurs. Le reste devait payer : 900 euros pour des billets en catégorie C (entre le pont de Sully et le Pont-Neuf) et 2 700 euros pour être assis entre Concorde et la tour Eiffel. Les smicards pouvaient repasser…
L’universalité et la solidarité, tant prônées par le baron Pierre de Coubertin, n’étaient pas de mise. Mais rassurons-nous, les athlètes vont prendre le relais. Ils représenteront la véritable diversité. Ils sauront être « non-discriminants ». Ils sauront être égaux dans l’effort. Ils en ont fait le serment. Voilà où réside tout simplement l’olympisme !