Le Stade rennais a su se hisser parmi l’élite du football français, ces dernières années. Mais ce bastion breton semble désormais à un tournant. Son mercato estival 2024, orchestré par Frédéric Massara, le nouveau directeur sportif italien, a bouleversé les équilibres. Il suscite autant d’espoirs que d’inquiétudes parmi les supporters. Mais au-delà des noms qui remplissent les colonnes des journaux, une question cruciale se pose : que va devenir l’identité du SRFC ? Pour certains, c’est la fin d’un cycle. Pour d’autres, c’est une révolution inévitable.
En quête de sens !
En recrutant à tour de bras des talents venus de Norvège, de Suède ou de Colombie, Frédéric Massara semble vouloir imprimer sa marque. Il se démarque par des choix exotiques, parfois surprenants dans la mesure où il aurait pu aller chercher quelques footballeurs dans le championnat italien. Avec neuf nouvelles recrues dans ses rangs, comme Gómez, Hateboer, ou encore Kamara, le Stade rennais a pris un virage audacieux. Il a puisé des talents dans des ligues secondaires (comme celui de Norvège ou la deuxième division anglaise). On est désormais bien loin des embauches clinquantes d’antan, comme celui de Nemanja Matić, dont l’arrivée avait fait couler beaucoup d’encre, mais dont les retombées restent jusqu’ici en deçà des espérances.
À ces bouleversements s’ajoute le départ de Jacques Delanoë, fidèle depuis de nombreuses années, qui incarnait une certaine continuité au sein de l’équipe dirigeante. Ce départ marque la fin d’une époque et accentue le sentiment de transition, voire de rupture, que vit actuellement le Stade rennais. Mais beaucoup pensent qu’il était grand temps de faire peau neuve. Après tout, la saison passée s’est achevée sur une décevante dixième place, un classement loin des ambitions européennes. Cette contre-performance a sans doute servi de catalyseur pour les changements profonds opérés cet été. Le besoin de renouveau a poussé le club à adopter des décisions audacieuses.
La mayonnaise prendra-t-elle toutefois entre tous les nouveaux joueurs ? C’est toute la question. Sous la houlette de Julien Stéphan, de retour aux commandes depuis maintenant quelques mois en lieu et place de Bruno Genesio, le Stade rennais pourrait bien jouer son va-tout cette saison. Son défi sera de créer une alchimie, une cohésion qui dépasse les simples performances individuelles. Et c’est là que le bât blesse peut-être. Les grandes manœuvres de Massara rappellent celles de Florian Maurice à son arrivée, une stratégie fondée sur des paris, des intuitions. Parfois géniales, parfois hasardeuses.
Les supporters, eux, sont partagés. Si certains saluent le renouveau et l’ambition, d’autres regrettent cette frénésie de changements. Ils voient une équipe de mercenaires. Ils voient dans ces mouvements incessants le risque de perdre ce qui faisait l’essence du SRFC : une équipe soudée, stable, avec des joueurs qui s’inscrivent dans la durée. Car qu’est-ce qu’un club sans ses piliers, sans ses leaders comme le furent Terrier, Majer, Doku ? Qu’est-ce qu’un club sans cette identité qui fait vibrer les travées du Roazhon Park ? Dans ce contexte, le Stade rennais s’apprête à accueillir l’olympique Lyonnais ce dimanche au Roazhon Park. Un match au goût de test grandeur nature, tant pour les recrues que pour le collectif. Pour Julien Stéphan et ses hommes, ce rendez-vous pourrait bien être le premier véritable révélateur du visage qu’affichera Rennes cette saison. Les Rouge et Noir auront l’occasion de montrer que la révolution peut rimer avec succès. Le Stade rennais est à un carrefour. À eux de choisir la bonne route.
