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jeudi 25 avril 2024
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STADE RENNAIS : LES LYCÉENS SUR LES TRACES DES JOUEURS MORTS POUR LA FRANCE

Un ouvrage collectif n’est jamais très commun. Mais quand il est rédigé par des jeunes du lycée Châteaubriand, c’est encore plus insolite. Les soldats inconnus du Stade rennais, 14-18, une histoire au ras des balles, est le nom de ce livre. « Il n’est pas encore en vente », explique François Prigent, professeur d’histoire-géographie et porteur du projet. « Seuls les élèves en ont reçu un exemplaire. Nous réfléchissons avec le Stade rennais pour le commercialiser à un plus large public. »

« La guerre de 14-18 est au programme des premières. »

En classe de première, les lycéens de France et de Navarre travaillent souvent sur les « fiches mémoires » des poilus et des documents militaires numérisés. « Habituellement, les élèves se penchaient sur l’histoire de leurs ancêtres de manière à appréhender l’expérience combattante », ajoute l’enseignant. Mais l’historien chercheur (sur les relations entre foot et politique a décidé d’aller plus loin. Il s’est inspiré d’une plaque commémorative en l’honneur des footballeurs du Stade rennais morts sur le champ d’honneur. « Cette année, j’ai proposé aux étudiants d’étudier leurs trajectoires de vie. Cela leur a permis de croiser les sources, de recouper des informations, de rédiger et de suivre un cours différent sur la Grande Guerre. »

Tout au long de leurs recherches, les historiens en herbe ont parfois rétabli la vérité. « Des joueurs n’avaient pas le même prénom dans leur état civil et sur la feuille de match », explique l’enseignant. « Jean Filippi, qui n’est autre que Luc Filippi, n’était pas seulement joueur de foot. Il fut rugbyman et sacré champion de Bretagne en juin 1914 du 400 m haies à Redon. Malheureusement, quelques semaines après, il partait au front et fut tué en 1915. »

Le fils d’Anatole Le Braz

Amateurs, ces joueurs étaient en grande majorité issus des élites et de l’univers de l’artisanat et du commerce. « Ils pratiquaient le sport comme un outil de distinction sociale. Seul l’un d’eux était d’extraction populaire. Il s’appelait Joseph Le Bricquir et finit par décrocher une thèse en économie. On ne retrouva jamais son corps. » Promis à un bel avenir, Robert Le Bras (fils du grand écrivain) fut aussi tué lors de la Première Guerre mondiale. « Nous avons trouvé des lettres particulièrement émouvantes de son père. Avec une plume très, très vivace, il décrit ses sentiments le 11 novembre 1918. C’était singulièrement intéressant. »

Parmi eux, Philippe Ghis, mort en 1918 et l’un des fondateurs des Rouge et Noir, ne verra pas lui son dernier enfant. Heureusement, certains en sont revenus. « Sur les 250 sportifs du Stade rennais, passés sous les drapeaux, près de 8 % sont décédés, » rappelle François Prigent. D’autres comme Jean Rauch ont eu des destins plus particuliers. Licencié en droit et athlète, le jeune homme, après une blessure, déserta durant un temps. « Il fut renvoyé en première ligne et tué dans une rixe au cours de circonstances non élucidées encore. La version officielle évoqua une disparition lors d’une opération de repérage. Sur sa fiche, il est noté : non mort pour la France. »

C’était une bonne expérience pour des gens de notre âge. C’était long, mais cela valait le coup ! » Ferreol.

Travaillant par petits groupes, les trente élèves se sont vraiment pris de passion pour le passé des Rouge et Noir. « C’était assez excitant de contribuer à l’avancée de faits historiques », explique Ferreol. « On ne savait rien de ces hommes. Mais grâce à nos recherches, on en désormais connaît plus sur ces 30 joueurs morts tragiquement. » Avec son ami, Elio, Ferreol a tiré de ses études une vidéo. « Nous avons réalisé des courts métrages », précise Elio. « Nos créations (et celles de nos camarades) ont été présentées aux jeunes du centre de formation du Stade rennais. Elles leur ont permis d’en savoir plus sur leur club. »  

Comme leurs amis de classe, tous deux sont « fiers » du labeur accompli. « Parfois, on ne partait de rien, comme Jean Filippi. On s’engageait sur de fausses pistes, mais au final, on en a su beaucoup plus sur un homme qui avait quasiment notre âge », convient Ferreol. « Il menait une vie d’étudiant un peu comme la nôtre. Il a été rattrapé par la guerre. » En mémoire de ces joueurs, une plaque est depuis apposée à l’entrée du Roazhon park. Elle aurait été inaugurée lors de la construction de tribunes (une mention est évoquée dans la presse au moment d’une rencontre la sélection de l’Ouest et le Luxembourg en 1922). Le livre de 250 pages est consultable aux archives municipales et départementales.

Infos + : le dessin de la « une » a été réalisée par une élève du lycée, Océane Godebout-Pavis. 

jean-christophe collet
jean-christophe collet
Lancé par le journaliste Jean-Christophe Collet en 2012/2013, www.rennes-infos-autrement.fr devient un site d’informations en 2015 et est reconnu comme site d’informations en ligne par le ministère de la Culture et de la communication.

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