Samedi 11 mars, la soirée a été particulièrement agitée aux abords de la rue d’Antrain. Elle a été émaillée par l’occupation de l’ancien cinéma Arvor, du pillage de Crazy Républic et de l’installation de barricades (voir notre article). Après ces évènements, la maire de Rennes s’est fendue d’un communiqué. « Je condamne très fermement toutes les violences et dégradations commises, en marge et à l’issue de la journée de mobilisation nationale contre la réforme des retraites. »
« Normalisation »
Aujourd’hui, Nathalie Appéré veut défendre le « centre-ville habité et dynamique. Ces actes insupportables mettent en danger toutes celles et tous ceux qui y vivent et y travaillent. » Elle tient à exprimer sa « solidarité avec les commerçants dont l’outil a été dégradé, et dont les salariés, choqués, ont été pris à partie ». En lien permanent avec le préfet, la maire demande « la mobilisation de la force publique » pour protéger notre ville et ses résidants et permettre une « normalisation rapide de la situation ». En employant ce « néologisme » (on parle de normalisation), Nathalie Appéré évite les mots qui fâchent comme « évacuation ». Mais face à sa majorité multiple, que peut-elle faire ?
À sa gauche, beaucoup légitiment désormais l’occupation de l’ex-cinéma l’Arvor. « En tant qu’organisation représentative, explique le syndicat Sud PTT, nous soutenons cette occupation, lieu de débat et de la lutte pour obtenir le retrait de la réforme des retraites du gouvernement Macron. » Comme de nombreux mouvements, SUD-PTT d’Ille-et-Vilaine ne veut pas de l’évacuation de la nouvelle maison du peuple (https://www.facebook.com/profile.php?id=100090734449564 et s’inquiète de la présence de quinze camions de la CRS 10, place des Lices depuis ce dimanche, 16 h.
À droite, c’est naturellement une autre musique. Charles Compagnon [Libres d’agir] profite de la situation pour maîtriser les divisions politiques au sein de la majorité. « Une nouvelle fois, la liberté de manifester à Rennes a été entachée par des débordements violents, dont les premières victimes ont été les riverains et les commerçants. Les auteurs de ces violences sont bien connus à Rennes, et sont même subventionnés depuis de nombreuses années par la Municipalité, quand ils n’y siègent pas désormais, promouvant chaque jour la culture de l’insurrection. Dans un tel contexte, il est difficile d’entendre les condamnations de la maire de Rennes. »
Charles Compagnon reproche l’attitude de la maire durant les manifestations. « Alors que les débordements gagnaient les rangs de la contestation, le premier édile de la ville n’a pas trouvé mieux que de m’adresser une photo tout sourire [https://twitter.com/frdric_mathieu/status/1634603341136240647]avec un député LFI. C’était en décalage avec la gravité du sujet qui mobilisait les gens autour d’eux et des responsabilités qui leur incombaient au service de l’ordre public. La place des parlementaires est dans le débat d’idées [qu’on attend toujours au-delà de l’obstruction]. La place de la maire était certainement, avec le préfet, dans un PC de sécurité pour s’assurer du bon déroulement de la manifestation (…) Cela relève davantage du mépris que de la solidarité. » La réforme de la retraite influence aussi la politique locale.