Le Sacrés-Cœurs est un petit quartier pittoresque installé derrière la gare de Rennes, entre la rue de Nantes et la rue de l’Alma. Épargné par les constructions, il devient très recherché par les Rennais soucieux de vivre dans un cadre agréable et proche du centre-ville.
Érigée au cœur du quartier, l’église des Sacrés-Cœurs est sans doute l’une des plus belles de Rennes. Sous l’impulsion du chanoine Albert Girard, sa construction débuta le 28 octobre 1908 sur les terrains de l’ancien manoir de Villeneuve pour s’achever 7 ans plus tard, en 1915.
Impressionnant de pureté et de beauté, l’édifice religieux est fait avec deux pierres du pays : le grès de Saint-Germain-sur-Ille et le schiste pourpre de Pont-Réan. De style néo-gothique, il est l’œuvre d’un architecte de la capitale bretonne, Arthur Regnault. « Il a voulu construire une église de village, modeste et sans faconde », expliquent Hélène Guéné et François Loyer dans leur ouvrage L’Église, l ’État et les Architectes. A l’intérieur, le célèbre mosaïste rennais Isidore Odorico a signé la salle d’une des chapelles, sous laquelle reposent les restes du fondateur de la paroisse et premier curé, le chanoine Sallier-Dupin.
A deux pas, non loin du pont de Nantes, le Foyer rennais est un charmant HLM à la rennaise, bien loin des grandes tours de Villejean et de Maurepas construites sous Henri Fréville. Dans ce lotissement du début du siècle dernier, pas de tags, encore moins de sentiment d’insécurité́. Les visiteurs passent d’un immeuble à un autre via des passages couverts. Ici ou là, ils découvrent des courettes intérieures où les arbres bientôt centenaires font de l’ombre aux façades en schiste. Construit entre 1928 et 1931 pour loger 160 familles, le Foyer fut l’une des premières réalisations de l’Office d’habitations à loyers modères et fut confiée à l’un des plus célèbres architectes rennais, Emmanuel Le Ray.
Non loin, le quartier Villeneuve-Sacrés-Cœurs cache l’ancienne prison Jacques-Cartier, œuvre de l’architecte Jean-Marie Laloy entre 1898 et 1903. Remarquable par son architecture, elle fut bâtie en pierre du pays, le schiste pourpre de Pont-Réan. Elle est fermée depuis 2010, date du transfert des prisonniers vers le centre pénitentiaire pour hommes de Vezin-le-Coquet. Les exécutions des condamnés à̀ mort étaient pratiquées devant le bâtiment jusqu’au 3 février 1939, date de la dernière exécution, celle de Maurice Pilorge. Ironie du sort, son bourreau, Anatole Deibler, avait, l’avant-veille, succombé à une crise cardiaque au cours de son voyage pour Rennes. Il fut remplacé́ au pied levé́ par son aide Jules Henri Desfourneaux. De temps à̀ autre, la prison Jaques-Cartier est utilisée comme lieu de tournage de films, comme La Taularde avec Sophie Marceau.
Mais une visite de quartier ne serait rien sans une halte dans un petit troquet. Trois petits établissements, sans compter les deux PMU, valent à nos yeux le détour, le Gabier Noir, l’Aviation et la Rennes du Bal. Ils sont fréquentés par une clientèle de quartier et d’étudiants. Depuis début 2018, une boucherie située au 50 rue Ange-Blaise complète cette offre de petits estaminets mais aussi de salons de coiffure, de boulangeries et d’ateliers d’artisanat. Le boucher qui y officie, s’appelle Aurélien Chevalier. Installé là depuis quelques années, il a modernisé la boutique et vend maintenant de la viande de qualité d’origine française. Petite touche supplémentaire, Aurélien, offre tous les midis une cantine bien sympathique, où les amateurs peuvent retrouver les classiques du bistrot français ( filet mignon ou bœuf bourguignon) et une cave à vins.
En soirée, un petit détour s’impose par le square de Villeneuve (notre photo). Dans ce jardin planté au cœur du Belleville rennais, les visiteurs découvrent un espace de verdure charmant avec de grands arbres et des arbustes. Grâce à des petits écriteaux légèrement vieillis, ils peuvent repérer facilement, ici où là, un février d’Amérique, un hêtre pourpre d’Europe ou encore un catalpa commun du sud des États- Unis. Au milieu du jardin, les visiteurs trouveront même la maison du jardinier. Tout en briques, elle possède une façade au style balnéaire qui invite à la farniente… Papier rédigé en partenariat avec le magazine KesKissPass’