A Rennes, il n’est pas toujours facile d’être directeur d’un grand service public. Directeur adjoint du CRIJ (Centre Régional Information Jeunesse de Bretagne), Gwen Hamdi a été licencié brutalement le 15 février 2018. L’homme avait pourtant le soutien de nombreux élus rennais et d’anciens comme Yves Préault (dont le fils est à la direction technique). Mais visiblement, cela n’a pas suffi…pour être maintenu en poste.
Contre son départ forcé, l’homme a préféré visiblement et courageusement l’attaque (1). Il est soutenu par de nombreux employés du CRIJ qui organisent en sa faveur des manifestations et font signer des pétitions sur le Net (2000 signatures). « La gouvernance du Centre Régional Information Jeunesse Bretagne met à mal 40 ans de savoir-faire au service des jeunes en licenciant le 15 février 2018 son directeur adjoint, Gwen Hamdi, engagé depuis près de 30 ans dans l’association et débarqué en moins de 10 mn, devant une équipe professionnelle sous le choc et impuissante face à la brutalité de la décision », explique le collectif de soutien.
Pour les hommes et les femmes engagés en faveur de Gwen Hamdi, ce licenciement serait injustifié au regard d’un projet d’éducation populaire pourtant solide et reconnu sur le territoire du pays de Rennes depuis des décennies : le festival Quartiers d’été (25 ans), Tam-Tam (14 ans), Le FRIJ (Fonds rennais d’initiatives Jeunes) (25 ans), le Forum Jobs d’été (16 ans), Dazibao (13 ans). Non sans oublier le 4 bis sur l’esplanade du Général de Gaulle, véritable boite à outils pour les jeunes avec son centre de ressources et de documentation, sa salle de spectacles, sa pépinière associative, ses permanences spécialisées.
A contrario, la direction du CRIJ Bretagne fait valoir dans les colonnes d’Ouest-France « la nécessité d’adapter les dépenses aux recettes et une mise en conformité du projet » conformément aux souhaits de l’État et des collectivités. « L’État menaçait de retirer ses financements si le Crij ne se recentrait pas sur ses missions d’information de la jeunesse dans toute la Bretagne. Ce que demande également Rennes et Rennes métropole. Je comprends que ce soit difficile pour les salariés de renoncer à d’autres projets qu’ils portent depuis des années. Mais il était nécessaire de poursuivre le plan de restructuration du précédent président. C’est la seule chose à faire pour que le Crij continue à exister. »
Selon des sources bien informées, le départ de Gwen Hamdi (qui avait demandé à plusieurs reprises le poste du directeur du CRIJ) arrangerait bien les affaires de tout le monde. Il permettrait de se séparer d’un directeur jugé en hauts lieux « difficilement manoeuvrable » et « un brin trop libre ». Il permettrait surtout de mettre fin à l’hégémonie rennaise sur les missions du CRIJ (2) ! Une chose est certaine, le silence de la municipalité rennaise en étonne plus d’un. « En virant Gwen Hamdi, il lâche une figure locale de la gauche », s’amuse un observateur éclairé de la vie rennaise. « Rien ne va plus au PS. Naguère, un directeur d’un grand centre culturel de Rennes, pourtant pointé du doigt pour sa gestion par la chambre régionale des comptes de Bretagne, avait eu le droit à plus d’égards ! L’unité de la gauche majoritaire se fissure…On ferait mieux de continuer à s’occuper de nos gamins. »
POUR ALLER PLUS LOIN :
La position du Front de Gauche et la pétition du collectif de soutien. Si vous ne connaissez pas encore le CRIJ, veuillez cliquer ici.
(1) A Rennes, les départs d’un directeur service ne font jamais guère de vague. Les responsables saluent même leur départ dans la presse via un communiqué commun avec les élus. Ce qui peut se comprendre… à l’heure où tout le monde a peur de ne pas retrouver de boulot !
(2) Le pôle animation jeunesse est réduit à peau de chagrin depuis que le CRIJ existe dans la capitale bretonne.
Voici la liste des signataires : Signataires collectif citoyen