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jeudi 20 mars 2025
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« ON A VOULU MA TÊTE » : LE DIRECTEUR DU DEPARTEMENT DE DROIT DE L’ICR LICENCIÉ

« Dégraisser le mammouth » : une formule utilisée par un ancien ministre de l’Education. Ici, on a plutôt débarqué l’éléphant. Arnaud Ferron, responsable du département de Droit à l’Institut Catholique Rennais (ICR) depuis vingt ans a été licencié. On lui reproche une faute impardonnable. Lui, crie à la chasse aux sorcières.

Les étudiants inquiets ont donné l’alerte. Mi-janvier, le doyen en charge du département de Droit, Arnaud Ferron, a été limogé. La direction de l’école reste floue et assure avoir dû prendre cette décision « de manière réfléchie », comme elle le confiait à nos confères de Ouest France. « On ne licencie pas quelqu’un (en place depuis plus de vingt ans, NDLR) pour un motif bénin. Il y a deux raisons graves qui ont motivé notre décision » précise aussi le président du conseil d’administration.

Des faits graves… contestés depuis le départ

Les faits reprochés sont graves. S’ils sont avérés, le conseil d’administration de l’ICR ne pouvait pas réagir autrement. L’école reproche à Arnaud Ferron d’avoir demandé à une enseignante enceinte d’assurer deux cours les 7 et 9 octobre 2024, alors que son congé maternité démarrait le 5 octobre. L’enseignante aurait accepté à l’époque, en avertissant qu’elle ne pouvait pas être payée pour ces cours, puisqu’elle serait en arrêt depuis quarante-huit heures. La hiérarchie reproche également à son ancien collaborateur d’avoir dissimulé ces deux jours « illégaux » en maquillant une feuille de présence y inscrivant « 2 et 3 octobre », pour être dans les clous de l’assurance maladie.

« Je n’étais Pas au courant, c’est ubuesque ! »

« Le droit, c’est mon créneau. Je ne peux que vous confirmer la gravité et les conséquences de faits de la sorte » réagit Arnaud Ferron, contacté par Rennes Infos Autrement. « Sauf que je n’étais au courant de rien. C’est ubuesque. A aucun moment il n’y a de trace d’une demande de ma part à cette personne de revenir travailler. Pas de trace non plus de mon nom sur un éventuel planning validé ou sur une demande d’attribution de salle », ajoute le doyen limogé. « Je n’ai commis aucune faute. Pire, je sais qui l’a commise. Et cette personne l’a pourtant reconnue et l’a avouée à ceux qui aujourd’hui me mettent au pilori »

Un collègue avoue « une boulette »

« A la fin du mois d’octobre, le collègue qui s’occupe des premières années avec moi est venu me voir. Il était confus. Il m’a avoué avoir commis une erreur en demandant à une enseignante de revenir à l’ICR malgré sa grossesse et un arrêt en cours. Il m’a aussi dit qu’il avait changé les dates sur la feuille de présence, pensant arranger l’école », explique Arnaud Ferron qui aurait alors découvert les faits à ce moment précis. « Je suis tombé de haut. Mais je lui ai surtout demandé pourquoi il m’en parlait en premier. Je ne suis pas son supérieur hiérarchique. Je lui ai alors conseillé de consigner ça par écrit et d’en référer immédiatement au directeur », assure le chef de département.

Faute avouée… aussitôt transférée ?

« La direction a clairement demandé à mon collègue si j’étais au courant de ce planning hors-la-loi de début octobre. Il a affirmé que non. » C’est la signature d’un responsable aux ressources humaines qu’Arnaud Ferron affirme avoir vu récemment sur le document attribuant une salle pour ces cours des 7 et 9 octobre. « Comment ont-ils pu laisser passer ça : ce sont eux qui sont censés savoir si un collaborateur est en arrêt », déplore Arnaud Ferron. « Tout le monde sait qui a fait quoi. Et je suis le bouc émissaire d’une situation qui m’était inconnue », ajoute-t-il.

Mis à pied et licencié

A 12h30 le 3 décembre 2024, les faits ont été exposés à Arnaud Ferron avec mise à pied immédiate. Ses clefs doivent être rendues, son ordinateur aussi. « J’étais devenu quelqu’un de dangereux qu’il fallait écarter », se souvient le professeur alors conduit à son bureau pour y récupérer quelques affaires, puis escorté jusqu’au parking. « J’ai exigé des preuves de mon implication, on m’a répondu « nous ne les avons pas encore, mais nous les aurons » », regrette-t-il « alors même que depuis ils ont accès à mon bureau, mes documents, et ont tout le loisir d’éplucher mon courrier, même personnel. »

Le 13 janvier 2025, après quarante-deux jours de mise à pied, Arnaud Ferron est licencié. Le doyen confie être actuellement en train de préparer sa défense… 

Contactée, la direction de l’école par la voix de son secrétaire général a fait savoir hier soir à Rennes Infos Autrement « qu’un communiqué a été envoyé auprès (des) étudiants, leurs parents et enseignants. Notre réaction ne passe pas par la presse », ne souhaitant pas communiquer davantage. Elle se veut néanmoins rassurante, précisant que « l’ICR poursuit son activité et la situation est conforme à ce que nous avons annoncé » (aux étudiants NDLR).

Julien Moreau

Julien Moreau
Julien Moreau
Julien Moreau est journaliste de presse locale et chroniqueur judiciaire. Diplômé d'école de journalisme en 2008, il a depuis été reporter pour les rédactions du Parisien-Aujourd'hui en France, Ouest France et le Télégramme. Il a également collaboré avec la presse nationale (Le Canard Enchaîné, Le Nouvel Obs, 60 millions de consommateurs et Canal+) comme correspondant justice et politique.

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