Dix-neuf heures, ce soir, place de la mairie, à Rennes, il chante seul devant la mairie.
Il chante comme pour conjurer le sort, comme pour dire non au terrorisme. Il chante spontanément. Il n’interprète pas les chansons du grand Brel. il joue du rock, du simple rock. Devant lui, quelques passants, les drapeaux français, européen et belge en berne sous le beffroi de l’Hôtel de Ville. Il est face à la tristesse, face à l’incompréhension. Il est tout seul. On est tout seul. Mais en l’écoutant, on l’est un peu moins. On est en communion avec nos amis belges et pour une fois, il n’y a pas de mauvaise blague. On pense à Bruxelles et ses maisons à redans. On pense au Manneken-Pis si petit mais si connu. On pense aux figurines de Tintin, de Lagaffe, de Spirou parsemant les rues bruxelloises. On pense au roi belge. On pense aux canaux de Bruges et à Knokke-le-Zoute. On pense aux Belges. On a envie de leur dire : conservez votre humour. On a envie de revoir Benoit Poelevorde dans C’est arrivé près de chez vous. On a envie d’assister à un match d’Anderlecht. On a envie de manger des gaufres liégeoises. On a envie d’écouter le chanteur Arno interpréter : putain, putain, nous sommes quand tous des Européens ! Bruxelles est rock. Bruxelles est tout proche de chez nous et on emmerde les brèles salafistes !