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dimanche 20 juillet 2025
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reconnaissance de l’État palestinien : le conseil municipal adopte un vœu

Le conseil municipal de Rennes a adopté, lundi dernier, un vœu symbolique appelant la France à reconnaître officiellement l’État de Palestine. Longuement, le débat a divisé la gauche plurielle, favorable au texte, et une opposition de droite et du centre droit, largement réticente.

Au nom de la majorité, Olivier Roullier (Générations.s) a rappelé le contexte palestinien. « Les famines sont la réalité atroce de la population gazaouie… et les centres humanitaires sont devenus des pièges mortels. Face à cela, la communauté internationale reste paralysée », a-t-il affirmé. Devant ses collègues, il a dénoncé un droit international rongé par le « deux poids deux mesures » et la puissance des armes. « L’Union européenne a officiellement admis qu’Israël avait violé une trentaine de principes de droit. Mais aucun accord politique n’a été trouvé pour prendre les mesures qui s’imposent. »

« Plus de 55 000 morts sont à déplorer, dont près de 16 000 enfants, selon l’UNICEF. » Olivier Roullier

Pour lui, la reconnaissance de l’État palestinien n’est plus une option diplomatique. « Elle est un acte de justice, de cohérence, une nécessité stratégique. C’est ce qu’ont déjà fait 148 États membres des Nations Unies et ce qu’ont récemment décidé des pays européens comme l’Espagne, l’Irlande, la Norvège ou la Slovénie. » Pour lui, cette initiative s’inscrit dans l’histoire de Rennes, engagée de longue date dans la coopération avec des partenaires palestiniens. Elle correspond à un moment où « la France, terre des droits de l’homme, doit cesser de dénoncer un jour pour renoncer le lendemain. Il est temps que la France soit fidèle à ses engagements internationaux. » Pour autant, il n’oublie pas l’attaque terroriste du Hamas le 7 octobre, causant plus de 1 200 morts civiles en Israël. « Le conseil municipal réitère sa demande que les otages, toujours détenus par le Hamas, soient immédiatement libérés. »

« La paix ne se décrète pas, elle se construit. » — Catherine Rolandin

Remplaçant la démissionnaire Anaïs Jehanno, Catherine Rolandin (Les Républicains) s’oppose frontalement au vœu. « Je le dis avec gravité : importer cet affrontement sur notre sol, dans nos institutions locales, est irresponsable. C’est faire entrer au conseil municipal une guerre qui déchire déjà notre société, qui réveille des tensions communautaires, alors qu’elles devraient appeler à la prudence, à l’apaisement, et non à l’agitation symbolique. »

Même prudence du côté de Charles Compagnon (centre droit), qui interroge ses collègues.  « Qui sommes-nous pour prétendre avoir compétence à nous positionner sur ce conflit ? » Il fustige une focalisation exclusive sur Gaza. « Pourquoi pas un vœu sur le Yémen ? Sur le Congo ? Sur l’Arménie ? » Antoine Cressard (Renaissance) exprime lui aussi son émotion face au drame humain, mais il reste réservé sur la méthode. « Chaque victime civile est une victime de trop. Ce qui se passe à Gaza, comme ce qui s’est déroulé en Israël le 7 octobre, nous bouleverse tous profondément. Ce vœu dépasse le cadre de notre conseil. Nous ne sommes ni au Quai d’Orsay, ni à l’Assemblée nationale, ni à l’ONU. »

À l’inverse, Jean-François Monnier (Écologistes) soutient fermement le texte de son collègue, dénonçant « une punition collective », une famine organisée, et un processus de colonisation et d’annexion. Il parle d’un génocide en cours à Gaza, dans un silence occidental « assourdissant ». Il propose même une banderole en façade de la mairie avec : « Cessez-le-feu immédiat à Gaza — Libération de tous les otages — Reconnaissance de l’État de Palestine. »

Iris Bouchonnet (PCF) pousse plus loin encore. Elle réclame une trêve permanente, la fin des livraisons d’armes, de la coopération militaire entre l’Europe et Israël, la libération des prisonniers politiques palestiniens et des otages israéliens, la levée du blocus sur Gaza, et le respect du droit au retour des réfugiés. « Il y a urgence à agir pour un avenir fondé sur la paix, la dignité humaine et la liberté », insiste-t-elle.

Olivier Roullier conclut, un brin amer . « Ce vœu était mesuré. Il appelait simplement la France à observer ses engagements internationaux. Je suis sidéré par les réactions de la droite. » Le vœu a été adopté avec les voix de la majorité. Cette nuit, vingt-cinq personnes ont déployé un drapeau palestinien et deux pancartes sur un pont de la RN12, à Plélan-le-Grand : « Free Palestine » et « STOP Palestine massacre génocide ». L’événement, relayé sur les réseaux sociaux, s’est terminé calmement à la demande de la gendarmerie.

jean-christophe collet
jean-christophe collet
Lancé par le journaliste Jean-Christophe Collet en 2012/2013, www.rennes-infos-autrement.fr devient un site d’informations en 2015 et est reconnu comme site d’informations en ligne par le ministère de la Culture et de la communication.

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