Marché des Lices, ce matin, Christelle a déballé sa marchandise et Sophie tirait son caddie. L’une vendait, l’autre achetait. Mais toutes les deux, sans se concerter, ont eu le même sentiment. « C’était quand même bizarre, comme ambiance, » affirme Christelle. « Cela faisait tout… bizarre de voir du monde », ajoute Sophie.
Pourtant, rien ne présageait un tel scénario il y a encore une semaine. « L’atmosphère était étrange », convient la rennaise « La police patrouillait au milieu des halles. Des gardiens étaient à l’entrée des deux pavillons. Ils filtraient le flux des clients afin que, chacun, nous puissions acheter notre pain, nos œufs, notre fromage… » Dans les Halles, un commerçant sur deux était uniquement présent. « Nous étions séparés. C’était super bien organisé par la ville. Cela aurait été sinon super chaud ! « , assure la commerçante.
En ressortant par l’autre extrémité des halles, Sophie est tombée sur des étals des poissonniers vides ! « Nous sommes venus avec quasiment pas de poissons,. Les bateaux ne sortent plus beaucoup », lui a expliqué le marchand. Heureusement, les étals des maraîchers masqués pour la plupart étaient pleins. « On nous a demandé de respecter un mètre de distance entre chaque personne, ce que chacun a fait volontiers dans un climat plutôt serein, » note Sophie.
Sans mes clients, c’est la fin pour nous
Durant tout ce marché, Christelle n’a pas pu s’empêcher de penser au coronavirus. « On a beaucoup fait de paiement sans contact », convient-elle. « Derrière notre stand, nous nous sommes lavés régulièrement les mains. » En quittant les Lices, Sophie est rentrée fisse chez elle. « J’ai désinfecté mes mains et mon caddie. C’était ma seule sortie de la semaine, (avec mon attestation dérogatoire de sortie) et ce fut surréaliste. »
En quittant son marché, Christelle a dressé un constat mitigé. « Beaucoup de gens des quartiers ne sont pas venus. En revanche nos chiffres restent corrects. A voir cette semaine comment cela va se passer..Mais il faut éviter de donner le monopole aux grandes surfaces. Les Rennais doivent venir sur les marchés. A Rennes, c’est quand même bien structuré. Je tiens à remercier mes clients. car sans eux, c’est la fin pour nous. » Qu’en sera-t-il demain ?