Ce samedi matin, un jeune homme a chuté d’une dizaine de mètres dans un puits de lumière du parking relais de la station de métro Villejean. Âgé de 21 ans, il est décédé des suites de ses blessures. Vers 6 heures, un second du même âge a été gravement atteint, en tombant d’une quinzaine de mètres à la halte Charles de Gaulle. Ironie du sort, les deux garçons avaient fréquenté la même boîte de nuit.
À quelques semaines de l’ouverture de la ligne b, ces deux incidents survenus dans et aux abords du métro au cours de la même nuit pourraient entacher l’évènement. Ils ont suscité de nombreux articles dans la presse locale et de nombreuses réactions dans le public. Non sans raison, car des accidents se sont déjà produits depuis quelques années. « Depuis 2013, ce sont six personnes qui ont été victimes de différentes chutes dans le métro rennais », note Le Télégramme de Brest.
Interrogé par le Télégramme, Kéolis, exploitant de la ligne, tente de désamorcer l’affaire. « “C’est un accident absolument terrible (évoquant le premier). Le métropolitain a 20 ans et ce n’est pas un endroit qui a pu être diagnostiqué comme pouvant être possiblement dommageable. Si cela avait été le cas, il y aurait eu des dispositifs mis en place. Il n’y a jamais eu auparavant quoi que ce soit qui peut donner un caractère dangereux à cet endroit”, explique la société Keolis dans les colonnes du Télégramme.
Jamais un tel accident n’a eu lieu depuis que le site est aménagé. Aucune alerte particulière n’a été signifiée depuis sa mise en service en 2004 », la Métropole.
Mais en l’absence de filet de protection dans le puits de lumière, des riverains s’interrogent dans Ouest-France. « “Comment se fait-il qu’il n’y ait aucune grille ?” se demandent les étudiants. “Il faut mettre quelque chose. N’importe quoi, mais pas rien !” estime l’un d’eux. “En même temps, ça ne me viendrait pas à l’idée de m’asseoir sur le rebord”, pointe son amie. Sans rejeter la responsabilité sur la victime, Rennes Métropole, propriétaire de l’équipement, se défend dans le quotidien local. “Le parking fait l’objet, tous les cinq ans, d’une visite de contrôle réalisée par la commission Sécurité réunissant la préfecture, le SDIS et la mairie. Les garde-corps qui entourent le puits de lumière sont conformes à la réglementation en vigueur, à la fois en termes de hauteur et d’épaisseur (1 m10 pour 30 cm, selon elle). Mais ils ne peuvent pas constituer des obstacles infranchissables”.
Une liste longue
Bref, circuler, il n’y a rien à voir. Mais comment peut-on expliquer, ces dernières années, la réitération des incidents survenus dans le métro ? Le Télégramme en dresse une liste longue, ce lundi (voir plus haut). Comme notre site Rennes Infos Autrement, dès le jour même du drame de Villejean, il évoque le décès d’un jeune morbihannais, âgé de 21 ans, tombé dans la station Sainte-Anne, le 29 novembre 2019. À la suite de cette chute mortelle, la mère de Raphaël Boury (dont il s’agit) avait porté plainte pour homicide involontaire. Mais pour l’heure, aucune responsabilité n’est engagée. “Cette procédure est toujours en enquête à la sûreté départementale”, précise le procureur de la République, Philippe Astruc, à notre journal.
À l’époque de faits, Hadrien Muller, avocat au barreau de Paris, revenait sur cette affaire dans le Ploërmelais (région d’origine du jeune homme décédé). “Si Keolis a été prévenu d’un éventuel danger à l’endroit où Raphaël Boury a perdu la vie, cela pourrait mettre en cause leur responsabilité pénale”, spécifiait le défenseur. Devant les répercussions médiatiques, Kéolis avait alors annoncé l’inspection dans le journal 20 Minutes de toutes les stations du métro (https://www.20minutes.fr/rennes/2663463-20191130-rennes-toutes-stations-metro-inspectees-apres-chute-homme). »Après cet accident, Keolis souhaite explorer toutes les solutions pour sécuriser les abords des escaliers mécaniques. Avec l’aide du fabricant, les agents de la régie de transport en commun vont conduire un travail d’analyse « au cas par cas », écrivait le journaliste Camille Allain. « Depuis l’ouverture de la ligne A en 2002, Keolis a enregistré dix chutes graves dans ses stations de métro, la plupart à Charles-de-Gaulle et Sainte-Anne. »
Qu’en est-il de l’enquête ? A-t-elle été menée ? Les rapports sont-ils en possession de la ville de Rennes ? « Car en dépit de l’attitude irresponsable des victimes, explique un ingénieur, il est important de sécuriser des lieux où passent des milliers d’usagers. Je crains d’ailleurs que dans les nouvelles stations nous ayons préféré le design au fonctionnel. En témoignent les hauteurs sans filet de protection, notamment à la future halte Saint-Germain. »