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mercredi 15 janvier 2025
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QUAND LES RENNAIS SIROTAIENT LE MICAMO

Au XIXe siècle, dans les ruelles animées de Rennes, une boisson singulière s’impose dans les estaminets et les cafoins populaires : le micamo. Ce mélange inattendu de café noir, de lait et d’eau-de-vie, au goût robuste et réconfortant, était bien plus qu’un simple breuvage. Il portait en lui l’empreinte des traditions locales et infiniment rennaises.

Mes Bretons seraient des saints s’ils ne buvaient pas, disait un archevêque de Rennes (dixit Henri Jouin, Rennes, il y a 100 ans)

Le micamo serait entré dans le vocabulaire local grâce à l’abbé Percevaux, curé de la paroisse Saint-Étienne, dont une remarque prononcée vers 1820 marqua durablement les esprits. Exaspéré par la tendance des femmes du peuple à déguster ce breuvage, il qualifia publiquement cette habitude de problématique. Mais loin de dissuader les Rennais, son commentaire donna à cette boisson une notoriété sans précédent. Le « micamo de l’abbé Percevaux » devint un incontournable des discussions et fit même son apparition dans les colonnes des journaux nationaux et régionaux.

Dans Le Rappel de l’Aude (15 avril 1890), on dépeint le micamo comme un mélange simple servi dans un bol à cidre. Dans La République du Midi (24 avril 1893), on parlait même d’une tasse de « casse-poitrine », à peine teintée de brun par quelques gouttes de décoction de chicorée. Dans La Dépêche de Brest (28 février 1908), le journaliste décrit lui des femmes d’âge mûr, sirotant sur un coin de table ce délicieux nectar, entrecoupant cette précieuse dégustation de longs commérages.

Un retour possible ?

Symbole de la culture populaire rennaise du XIXe siècle, le micamo est tombé dans l’oubli. Mais qui sait ? Peut-être qu’un jour, un bistrotier rennais inspiré ressuscitera ce breuvage ! Il en profitera peut-être pour redorer le blason des liqueurs bretonnes du Père Dormet. Rue de l’Horloge, ce confiseur-distillateur œuvrait dans les années 1830. Dans sa boutique, on buvait des créations aux noms évocateurs, comme la « crème de cocus » ou la « liqueur des braves », en hommage aux soldats napoléoniens. « Cela devait sentir bon, dans la fabrique », affirmait cent ans plus tard, Henri Jouin dans Rennes, il y a 100 ans. On le croit aisément.

Infos + : Au XIXe siècle, les paysans des faubourgs rennais étaient friands de la teutée ou de la bidouillée, des trempettes de galettes de blé noir ou de pain grillé sur le bois dans des écuelles de cidre chaud.

jean-christophe collet
jean-christophe collet
Lancé par le journaliste Jean-Christophe Collet en 2012/2013, www.rennes-infos-autrement.fr devient un site d’informations en 2015 et est reconnu comme site d’informations en ligne par le ministère de la Culture et de la communication.

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