À l’époque de la communication « mérovingienne », les collectivités devaient se contenter d’une petite brochure locale, distribuée tant bien que mal dans les boîtes aux lettres entre deux prospectus de Carrefour et de Lidl. Mais, aujourd’hui, elles veulent faire genre… comme diraient nos influenceuses d’Instagram et autres ! Elles éditent de « vrais » journaux qui sont vrais uniquement par leur apparence. Car à l’intérieur, les papiers de la « pravda locale » sont lus et relus par la censure (les hommes politiques). À tel point que parfois, on n’y comprend plus rien dans leur brochure… tellement, il est important d’être lisse et de ne pas froisser le pékin (je parle de nous !).
Mais à force de se prendre pour des journalistes, nos communicants finissent par croire qu’ils le sont. Ils pensent être Albert Londres ou encore Edwy Plenel. Dans notre belle ville, les maîtres en la matière se sont fendus d’un Tweet où ils dénoncent la nouvelle marque des chaînes France 3 et radios France Bleu, Ici. « Il fallait donc que la radio et la télé choisissent la métropole de Rennes (qui développe depuis 5 ans IciRennes), pour lancer leur projet de média d’info locale, autour de la marque… Ici», s’insurge Benjamin Teitgen, directeur de la communication du conseil général (pourtant ancien journaliste).
Il fallait donc que Radio France et France Télé choisissent #Rennes, qui développe depuis 5 ans la marque #IciRennes, pour lancer leur projet de média d’info locale, autour de la marque… "Ici"🤨 https://t.co/FsoOOiPXRd
Poke @LaurentRiera 🫤 #compublique pic.twitter.com/tXoagKgapF— Benjamin Teitgen (@bteitgen) October 18, 2023
Par-delà le peu d’intérêt de cette polémique (au regard de ce qui se passe en Israël et en Ukraine), arrêtons-nous un instant sur cette bataille d’ego ! En publiant leur revue IciRennes, nos amis communicants de la métropole sont au service de leurs élus. Ils tentent la confusion des genres… pour servir la noble cause de leurs intérêts (ce qui en l’occurrence peut être défendable). Mais en rapprochant leur canard à la presse, ils se méprennent totalement. Ils comparent tout et son contraire. C’est comme si nos chargés de com’ comparaient une bière locale fabriquée par une guinguette (elle-même subventionnée par la municipalité) à un breuvage sans alcool (la fameuse Tourtel). D’un côté, on a la saveur, de l’autre la fadeur !
Mais la vraie question est peut-être ailleurs. Comment deux institutions se retrouvent-elles à employer le même nom ? L’argent public, utilisé à payer grassement des agences, a visiblement fait chou blanc. Nos « sous » ont servi à financer l’amalgame, l’embrouillamini dans les têtes de nos concitoyens. Entre la presse et celle qui veut l’être, on ne sait désormais plus à quel saint se vouer… Tout simplement peut-être parce que les « coms des villes » sont sorties de leur rôle. Jadis, faut-il le rappeler, les chargés de communication étaient le relais entre les journaux et leurs édiles. Ils devaient organiser des conférences, des interviews. Ils devaient se plier en quatre pour répondre aux reporters. Aujourd’hui, ils préfèrent ne plus rien dire… réservant leurs « bonnes » infos à leur gazette. La démocratie vivra uniquement par les magazines et sites qui informent en toute indépendance, quitte à froisser les « egos » de nos élus !