Reconstruit au sortir de la Seconde Guerre mondiale, en 1950, le pont Papu (dans le quartier Bourg-l’Évesque) montre depuis longtemps des signes importants de faiblesse. En 1992, des experts identifient de la corrosion interne dans les câbles de précontrainte. En 2014 et 2015, ils confirment une aggravation. « Le tonnage est alors limité à 3,5 t », rappelle un riverain.
Fin 2017, l’ouvrage est définitivement fermé aux véhicules motorisés. Il reste cependant accessible aux piétons et aux cyclistes. Au début de l’année 2018, une tentative de consolidation est toutefois abandonnée, les désordres étant plus graves que prévu. Deux ans plus tard, une expertise conclut à l’impossibilité de réhabiliter l’édifice. Elle recommande son remplacement, tout en laissant ouverte la possibilité de maintenir, sous conditions, les circulations douces.
Ni route ni infrastructure lourde : juste un passage pour tous.
À la fin de l’été 2023, un nouveau rapport confirme l’irréversibilité des dégâts : le tablier pourrait s’affaisser à court terme. Le 27 octobre, la ville décide donc de fermer totalement l’ouvrage, y compris aux piétons et aux vélos. Depuis, la rue Papu est littéralement scindée en deux au grand dam des habitants. Lesquels dénoncent les itinéraires bis inadaptés, notamment pour les poussettes, les personnes âgées, ou à mobilité réduite. Ils pointent aussi du doigt un enclavement croissant, doublé d’un sentiment d’abandon.
Depuis, la démolition a été annoncée en février 2025 par la ville d’ici l’été 2026 avec la seule alternative avancée : deux « impasses végétalisées ». Pour l’heure, cette proposition agace une large partie des riverains. Elle est perçue comme une fermeture déguisée de l’espace public. Pour s’y opposer, un collectif citoyen a été constitué autour du pont Papu. Il demande depuis des mois une solution intermédiaire simple : une passerelle piétonne et cyclable, sécurisée, pour rétablir un lien de proximité vital pour le quartier.
Le 23 mai dernier, la manifestation, organisée côté haut du pont Papu, a regroupé de nombreux habitants, venus exprimer leur exaspération. « Ce pont, c’est un lien de vie, pas juste du béton », a résumé une voisine. Face à l’absence d’engagement clair de la Ville, une pétition circule, les rassemblements se multiplient, et une nouvelle réunion publique est déjà annoncée pour le 25 juin, à 18 h 30, salle de l’Avenir, 47 bis rue Papu, en présence de Marc Hervé, adjoint au maire. Si la démolition reste officiellement prévue, les habitants espèrent toujours faire infléchir la décision municipale.