Depuis des années, la place Sainte-Anne fait l’objet de nombreux quolibets. « Elle rassemble les punks à chiens », affirme une Rennaise. « J’évite de passer par là », assure un autre. Malgré les bouquinistes, de la présence de terrasses et d’un magnifique manège, l’endroit est mal considéré. Encore une fois, le sujet a été abordé en conseil municipal par le groupe d’opposition Révéler Rennes. « Depuis de longs mois, les Rennais nous interpellent sur l’état déplorable de cette place, située en cœur de ville, plateau piétonnier d’une grande valeur patrimoniale et touristique », explique Carole Gandon. «Défigurée par des jets de peinture, des affichages sauvages, des incendies de poubelles qui ont fait fondre les dalles de l’esplanade, Sainte-Anne est squattée en permanence par des marginaux et leurs chiens. »
Porte-parole de son groupe, l’élue poursuit la longue litanie. « Recouverts de graffitis haineux et autres fluides nauséabonds, les abords de l’église sont devenus repoussants. Les cabanes en bardage bois installées sur les contreforts de SaintAubin pour accueillir des toilettes publiques et des « petits kiosques commerciaux » sont hors d’usage et tapissés de tags. Les « salons urbains » composés de chaises fixes ont déjà été plusieurs fois dégradés et sciés. Le magnifique carrousel de Régis Masclet a lui été tagué. »
Face à une telle situation, l’élue n’hésite pas à bousculer la majorité en place. « Comment pouvez-vous accepter que cette place soit ainsi abandonnée et soumise à de tels actes de vandalisme ? », s’interroge-t-elle. « Cet endroit constitue pourtant une destination incontournable pour les touristes et visiteurs (Couvent des jacobins) et le trajet quotidien des familles et des enfants qui fréquentent l’école Contour Saint-Aubin. Madame la maire, ma question est simple : que comptez-vous faire pour protéger cette place et lui rendre son attrait ?»
En fine politicienne, la maire de Rennes, Nathalie Appéré, a laissé la parole à son fidèle lieutenant, Marc Hervé. « Dans les six derniers mois, un certain nombre de débordements et d’actes de vandalisme ont été produits sur cette place Sainte-Anne. Cette situation, nous ne l’acceptons pas. Ces dégradations, ces violences, ont été à chaque fois systématiquement condamnées par la municipalité. Et à chaque fois, nous avons eu à cœur, avec nos agents de propreté, de nettoyer ces lieux, tard le soir, dans la nuit ou au petit matin. »
Marc Hervé se veut rassurant. « La place Sainte-Anne, mais comme d’autres endroits, est aujourd’hui le sujet d’une attention très forte de la collectivité. Désormais, les commerçants enlèvent les panneaux de contreplaqué. Et c’est heureux. Notre centre-ville commence à ressembler à un centre-ville que nous aimons, que nous souhaitons voir retrouver. Cet été, un travail particulier sera entrepris pour rendre agréable et attractive, notre place et ses abords. » En 1997, un étudiant Robin le Scoul avait été poignardé à mort aux abords de cette place. Déjà l’époque, un grand nombre de pétitions de riverains avait été adressé auparavant au maire, Edmond Hervé (père de Marc Hervé). Elles demandaient le retour au calme dans les rues et en particulier dans le quartier Saint-Michel, rendez-vous nocturne des jeunes de la ville.