Le 27 février 2025, en marge d’une manifestation contre les coupes budgétaires dans l’université, deux étudiants en droit ont été violemment agressés devant leur faculté. L’un d’eux, Elouan Racineux, témoigne dans nos colonnes. En fin d’après-midi, cet étudiant en troisième année et membre du syndicat UNI se rendait à son cours lorsqu’il a été pris à partie avec un camarade par des militants de l’ultragauche. « J’avais cours à 18 heures », explique le jeune homme, également assistant parlementaire RN. J’étais arrivé un peu en avance avec un ami, quand nous sommes tombés nez à nez avec une manifestation d’environ 300 à 400 personnes devant la faculté. Je n’étais absolument pas au courant de cette mobilisation et si je l’avais su, croyez-moi, je ne serais pas venu. Après risque ou pas, on doit pouvoir faire nos études tranquillement et sereinement. »
Face à la foule, les deux amis cherchent à entrer dans l’université. « On s’est dit que la meilleure solution était de se réfugier dans la fac, mais elle était confinée, les portes verrouillées. Pendant près de dix minutes, on est restés sur le parvis avec d’autres jeunes, à attendre qu’on nous ouvre. Mais les agents de sécurité sont demeurés à l’intérieur, dans leurs bureaux. Ils ne sont même pas venus nous voir après l’attaque, une fois les manifestants partis. » C’est alors que la situation dégénère. « À un moment, une personne du cortège prend un mégaphone et annonce à la foule que nous sommes là. Là, ça a été un déferlement. Ils se sont mis à nous siffler, à nous hurler dessus comme si nous étions des bêtes de cirque dans la Rome antique. Une quarantaine d’individus, cagoulés et armés de parapluies et de bombes de gaz lacrymogène, se sont précipités sur nous. »
Elouan Racineux décrit une scène d’une rare violence. « Dès qu’ils nous ont repérés, ils ont chargé. J’ai senti les premiers coups arriver, des coups de poing, des coups de pied… Au départ, il y avait cinq ou six personnes sur moi, puis d’autres ont suivi. Ils ont essayé de me faire tomber, mais j’ai réussi à rester debout. Mon ami, lui, n’a pas eu cette chance. Il s’est retrouvé au sol et ils l’ont frappé encore et encore. Pour ma part, j’ai une côte fêlée et des douleurs à la tête. Mon camarade, lui, souffre de contusions sur le visage, de maux de tête et de douleurs coccyx. »
Je ne voulais pas éveiller l’attention sur moi puisque je souhaitais continuer mes études tranquillement. »
En plus des blessures physiques, les agresseurs auraient volé les affaires de son camarade. « Ils ont pris sa sacoche, son ordinateur, sa carte bleue, ses papiers d’identité… Tout. Il n’a rien pu faire. C’était un vrai guet-apens. » Devant ces violences, les réactions politiques ne se sont pas fait attendre. Gilles Pennelle, président du groupe RN au Conseil régional de Bretagne, a vivement dénoncé cet évènement. « Des étudiants rennais peuvent-ils encore se rendre en cours sans être tabassés ? Allo M. le Préfet ? Allo M. Retailleau ? L’impunité de l’extrême gauche violente à Rennes n’a que trop duré. Il est temps de mettre hors d’état de nuire ces groupuscules bien connus et soutenus par LFI.»
Dans la droite plus modérée, Jeunes Horizons d’Ille-et-Vilaine, a dénoncé des « actes de barbarie ». « Ces violences, survenues en marge d’une manifestation contre les coupes budgétaires dans l’enseignement supérieur, sont le reflet d’une escalade inquiétante dans notre ville. Nous adressons nos vœux de prompt rétablissement aux étudiants blessés et demandons que toute la lumière soit faite sur ces événements. » À l’inverse, le syndicat « Union pirate » n’a pas condamné l’agression, mais il a signalé les « violences policières » lors du rassemblement. Dans un communiqué, il s’inquiète d’une « répression brutale et injustifiée des forces de l’ordre contre les manifestants. .
Face à l’ampleur de l’affaire, David Alis, président de l’Université de Rennes, et Olivier Serra, doyen de la faculté de droit et de science politique, ont publié un message officiel. Ils condamnent avec la plus grande fermeté La tentative d’intrusion dans nos locaux et les graves agressions commises hier, jeudi 27 février 2025, à l’encontre d’au moins un de ses étudiants. «Aucune revendication ne justifie le recours à la violence, de surcroît aux abords d’une enceinte universitaire, haut lieu de la tolérance et de l’émancipation par le savoir. (…) Notre université veille au respect de la loi pour prévenir toute situation susceptible de causer un trouble à l’ordre public et garantit à chacune et chacun des conditions d’études et de travail sereines. Elle est et doit rester un lieu de partage, de découvertes et de savoirs. »
Une plainte sera déposée lundi par l’université, et un signalement a été fait au procureur de la République. À ce stade, cinq individus ont été placés en garde à vue. L’enquête devra déterminer les responsabilités et établir les faits avec précision. Hier soir, la députée LFI, Marie Mesmeur, s’est rendue au commissariat de Rennes pour vérifier les conditions d’incarcération des cinq interpellés.