Naissance aurait pu se nommer Renaissance. Dans ce « seul en scène » au théâtre du Vieux Saint-Étienne, Nicolas Bléas transcende la simple notion d’accouchement. Il infuse de l’essence à son existence. Au-delà du regard des autres, il s’affranchit des contraintes sociales et de la peur qui souvent en résulte. Au-delà de l’expression verbale, il opte pour une œuvre chorégraphique écrite par ses soins, assurément envoûtante et enthousiasmante.
Accompagné de sa voix « off », rythmée par une composition musicale et originale de Vincent Raude, il crée un « temps de dialogue » avec son public. Il est dans une gestuelle où l’interprétation engage le spectateur tout autant que l’artiste lui-même. Maniant l’art du butô (danse japonaise), il flirte souvent avec le théâtre. Exhaltant la beauté du corps, il ne dit pas un mot sur les planches. Rien de grave, son double sonore et hors champ le fait pour lui. Il devient son guide, l’enchaînant parfois, mais l’incitant bien souvent à être lui-même. « À la base, je suis comédien, » explique-t-il. « J’avais envie cette fois-ci d’exprimer les choses avec mon corps. Je voulais aller au-delà de la barrière des mots. Là où j’en suis dans mon expérience, je me sentais propre à proposer cette démarche artistique. »
En une heure de performance, Nicolas Bléas captive les spectateurs par sa force de conviction, par sa présence et par la fragilité de son personnage. Mais, jamais, il n’est dans un rapport égotique. Il invite chacun de nous à réfléchir sur notre conditionnement, sur notre éducation, sur notre culture. Il encourage chacun à sortir de nos prisons existentielles, du regard des autres, des carcans imposés par la société. « Dans ce solo, j’ai appris à respirer, à me défaire de mes préjugés. » S’écartant des traditionnels ballets, Nicolas Bléas en surprendra plus d’un. Ne serait-ce que par sa pratique chorégraphique où les arts martiaux vietnamiens (Vo Co Truyen), philippins ou encore le kung-fu font des incursions pour l’enrichissement d’une pièce pour le moins originale.
Naissance, le 3 mai 2024 de 20 h 30 à 21 h 30. Entre 5 à 10 euros. Théâtre du Vieux Saint-Étienne, 14 rue d’Échange, 35000 Rennes. Billetterie. Crédit photo : Gérard Payelle.