Il était l’un des plus brillants avocats rennais. Maître Philippe Billaud n’est plus. Personnage haut en couleur, fin juriste au verbe haut, il était respecté de tous et de toutes. « Notre ordre salue un grand pénaliste, un avocat à La Défense chevillée au corps dont la présence et le charisme ont marqué les audiences pénales durant de longues et belles années », convient la bâtonnière, Catherine Glon.
« C’était un grand homme du barreau », ajoute son confrère, Erwann Prigent. « Il était un avocat par vocation, familiale et personnelle, qui a toujours choisi de “les défendre tous” pour reprendre les mots d’Albert Naud (célèbre abolitionniste), dont il était le disciple. Il était un homme à la fois chaleureux et impressionnant, érudit et truculent. »
« C’est une triste nouvelle », précise maître William Pineau. « C’est une vraie émotion à l’annonce de son décès », ajoute maître Olivier Chauvel. « Au-delà des expressions toutes faites, c’est une page qui se tourne au barreau. Il était un grand pénaliste, qui appartenait à une génération révolue qui avait plaidé contre la peine de mort et imposait le respect à tous. Je me souviens de sa bienveillance, de son côté affable et de ses fulgurances dans l’art de la formule. J’ai toujours eu grand plaisir à l’entendre plaider et plus encore à partager parfois le banc de la défense près de lui. »
Comme ses confrères, maître Jérôme Stéphan est profondément ému. «Philippe Billaud était l’Avocat pénaliste tel que je me le représentais avant d’intégrer la profession, celui avec lequel j’adorais partager l’audience que ce soit pour défendre à ses côtés ou pour l’affronter. Il était encore celui avec lequel j’appréciais m’attarder après les procès pour l’écouter me parler du métier et de tout ce qu’il avait vécu à travers notre spécialité. C’est aussi et peut-être d’abord pour ces moments partagés avec ces personnages que j’ai aimé et que j’aime encore ce métier.»
À la barre, maître Philippe Billaud était écouté par tous, juges, confrères et bien sûr victimes et accusés. Il était issu d’une lignée de juristes. Un de ses ancêtres, Billaud Varenne, fut député montagnard et avocat membre du Comité de salut public (il avait voté pour la mort de Louis XVI le 20 janvier 1793). Son grand-père était conseiller à la Cour d’appel de Rennes. Mais il fut bien plus qu’un héritier.
Dans son bureau, le cigare aux lèvres, cet avocat tout en rondeur eut à connaître des plus belles affaires : sang contaminé, Urba, Le Couviour, Zyed et Bouna… Cet homme-là (plus de 50 ans d’exercice) savait plus qu’un autre user de l’art oratoire pour servir le Droit. Il était intelligence, mesure et érudition, bien loin d’une justice procédurière ternissant parfois la beauté des grandes causes et des débats devant les tribunaux !