On lui donnerait presque le bon dieu sans confession. Qui lui ? Alexis Pesneau, 22 ans, l’un des accusés du lynchage de Dorian Guemené, le 7 juillet 2018, devant la discothèque de l’Espace. Jeune, chemise impeccable, il est le dernier à passer parmi ses cinq comparses ce mercredi 13 octobre 2021 devant la Cour d’assises d’Ille-et-Vilaine. La voix chevrotante, il cherche parfois ses mots, bredouille, cafouille. « Ce n’est pas que vous n’avez pas été clair, c’est que vous n’avez pas été bon », lui fait remarquer William Pineau, son avocat rennais, à la fin de l’audience.
Vos explications ne sont pas claires
Quelques instants plus tôt, Thierry Fillion, avocat de la défense, a poussé Alexis dans ses derniers retranchements. « On peut avoir envie de vous croire, mais vos explications ne sont pas pas claires. » Tout au long de son interrogatoire par la président Frédéric Digne, l’accusé a cherché à être de bonne volonté. Moins hâbleur que ses co-accusés, il s’est voulu plus sérieux. « J’aimerais être plus clair mais je ne me souviens pas », insiste-t-il.
Face à ses mensonges lors de l’instruction (il n’est d’ailleurs pas le seul), comme Alexandre Perez, il veut aujourd’hui jouer la carte de la transparence. « Oui, j’ai donné des coups dans le dos à Dorian », avoue-t-il. « Oui, je lui ai arraché son tee-shirt. «
Je n’ai pas tourné la tête vers Dorian
Etudiant en prépa économique et commerciale, Alexis est intervenu dans la bagarre, après avoir reçu une claque de Kevin, l’ami de Dorian. Mais non, il n’a jamais été sur le boulevard de la Tour d’Auvergne, où les derniers coups mortels ont été donnés sur la victime. Il reconnaît toutefois y être passé après le drame avec Guillaume C pour récupérer sa voiture dans le parking de l’Arsenal. « Je n’ai pas tourné la tête vers Dorian. J’aurais peut-être dû, mais je ne l’ai pas regardé. Je n’ai pas réalisé ce qui s’est passé. Pourtant, j’ai bien entendu mon ami, Guillaume, appeler les secours. »
Face aux flux des questions des avocats et du président Frédéric Digne, Alexis Pesneau tente de donner plus de détails plus sur les faits. « J’ai croisé revenant du boulevard, Sacha Réthoré, Thomas Goldschild et Alexandre Perez. » Mais quelques instants plus tard, il mesure ses propos devant les interrogations de l’avocat de la défense, Thierry Fillion et de l’avocat de Sacha Réthoré, Jérôme Stéphan. « J’ai dit que je supposais. J’ai fait une déduction. » A force de vouloir trop en dire, Alexis n’en dit pas assez. « C’est difficile, je m’en souviens plus, je vous le dirai sinon », répète-t-il encore une fois.
Un éclair de loyauté
Dans un éclair de loyauté, Alexis reconnaît toutefois sa responsabilité sous les questions de maître Thierry Fillion. « J’ai pris la mauvaise décision d’aller au combat. J’ai mal agi, j’ai donné des coups et je ne me suis pas rendu compte de ce qui se passait. Je suis en partie responsable par les coups que j’ai donnés personnellement. Toutes frappes ont contribué à ce qui est arrivé. » Mais comme les autres, il affirme ne pas avoir été sur le boulevard. Comme tous les autres, il n’était pas celui qui a donné le coup de trop. Celui qui fut l’auteur des coups mortels. La vérité n’est pas encore bonne à dire durant ce procès pour l’ensemble des accusés, par peur sans doute d’une lourde peine, peut-être aussi parce devant l’innommable, il est difficile de prendre ses responsabilités.