Ce mercredi 13 octobre 2021, devant la Cour d’assises d’Ille-et-Vilaine, Sacha Réthoré comparaissait avec ses cinq comparses dans le lynchage de Dorian Guemené, un petit matin funeste du 7 juillet 2018. A 28 ans, l’homme aux épaules carrés et au col roulé, a le verbe haut des noctambules, la gouaille facile. Face au président Frédéric Digne, il ne se démonte pas. Il répond du tac au tac. Seul accusé encore en prison, il est l’un des seuls à avoir reconnu les coups contre la victime.
Devant la cour, hier, Sacha confie s’être jeté sur Dorian dans la petite rue du Coüedic (derrière l’Espace) et de lui avoir asséné sept à huit coups. Il dit encore être tombé au moins une fois dans la bagarre et avoir rejoint son frère Stanislas, luttant avec l’ami de Dorian, Kevin. « Monsieur Réthoré, vous reconnaissez vous être battu avec Dorian, à un contre un. Vous reconnaissez les coups contre lui et vous reconnaissez que trois vous ont rejoint dans la bagarre. Est-ce que ces aveux ne suffisent pas ? », a expliqué son avocat Jérôme Stéphan à la cour.
Je n’étais pas sur le boulevard de la Tour d’Auvergne
Mais comme les autres, Sacha n’aurait pas exercé les violences les plus mortelles sur le boulevard de la Tour d’Auvergne. Devant la boite de nuit de l’Espace. « Non, monsieur le président, jamais je n’y suis allé. » A plusieurs reprises, Sacha Réthoré nie malgré les témoignages de son ami, Thomas, l’ayant vu au coin du boulevard de la Tour d’Auvergne. « Vous savez, dit-il au président, en prison, tous les jours, je vois des gens raconter des bobards pour ne pas retourner derrière les barreaux ! » Sans se démonter, il rejette avec véhémence les accusations. « Je ne suis pas seul, nous sommes six. Ce n’est pas le procès de Sacha Réthoré, c’est le procès de six personnes », finit-il par dire sous le feu roulant des questions de l’avocat de la défense, Thierry Fillion. « D’entrée, j’ai été mouillé. J’ai enfilé le rôle principal dans cette affaire. Les autres (protagonistes) ont peut-être très bien compris qu’ils pouvaient jeter leurs responsabilités sur moi. »
« Je crois qu’il est mort », aurait dit Sacha Rethoré à son ami Thomas qui à ce moment-là avait l’air absent.
« Au début, j’étais seul à me battre. »
Face aux blessures de Dorian, l’avocat Thierry Fillion fait la « comparaison » avec celles légères de Sacha. « Cela se passe de tout commentaire », précise-t-il. « Je ne suis pas Cassius Clay et Dorian non plus! », répond Sacha. « D’autres ont donné des coups. C’est normal qu’il se soit retrouvé en difficulté. En revanche, ce n’est pas normal d’avoir retrouvé Dorian dans cet état ! » Comme les autres, il reconnait sa responsabilité. Mais encore une fois, les avocats, l’avocat général, le président, les familles sont restés sur leur faim lors de cette audience. « C’est donc personne », a regretté le président de la cour d’assises. « Vous êtes à un âge où il est temps de prendre ses responsabilités », a-t-il ajouté à un des accusés. Il n’a décroché aucune réponse. Personne ne veut visiblement endosser la lourde responsabilité des coups de pieds mortels sur le boulevard. Aujourd’hui, place aux témoignages.