Installé à Rennes en 1983, après une école d’horlogerie, Jean-Luc Martin est l’horloger de l’Hôtel de ville depuis neuf ans ! « J’ai toujours été séduit par des miniatures. Tout ce qui était petit m’attirait ! », explique-t-il. Deux fois par an, le Rennais monte un escalier en colimaçon pour rejoindre le beffroi de la mairie et assurer le changement d’heure. Après avoir jeté un regard sur l’opéra, il entre dans une petite pièce où devant lui un mécanisme ingénieux n’attend plus que ses réglages. « Il y a quelques années encore, j’étais sujet au vertige, mais depuis je m’y suis habitué. Au premier confinement, la vue était tout simplement extraordinaire. Il n’y avait personne. J’avais la place de la mairie pour moi tout seul ! »
« On limait, on ajustait ! »
Là-haut, Jean-Luc Martin ne se lasse pas du paysage. Mais l’horloger ne reste jamais très longtemps sur les hauteurs rennaises. Il a un atelier à faire tourner…. comme des vieilles montres, des pendules et même des coucous ! Depuis l’âge de 14 ans, il consacre tout son temps à l’horlogerie dans sa boutique-atelier de la rue Hoche connue sous le nom de Lafayette. « A l’époque de mon apprentissage, on limait, on ajustait, on avait une approche très différente de l’horlogerie d’aujourd’hui. »
Une montre est un objet masculin, un code social ! Elle devient parfois un réel placement. »
Durant quelques années, rue de Lorient, Jean-Luc Martin devient horloger en chambre. « Je n’avais pas pignon sur rue », précise-t-il. « J’étais à l’étage d’un appartement où j’avais vocation à travailler pour les professionnels, les magasins. » A l’aide d’une loupe grossissante, Jean-Luc Martin redonne vie aujourd’hui au patrimoine horloger. « Nous faisons aussi bien de la restauration d’horlogerie ancienne que des montres vintage des années 40. Nous faisons aussi de la fabrication pour des marques françaises », ajoute-t-il.
Une Breguet du XIXe siècle
Mais l’horloger doit son talent uniquement à son savoir-faire et des centaines de pièces rangées dans des armoires en bois (des layettes). Il possède ainsi des couronnes de remontoir, des cadrans en émail, une machine à fabriquer des roues… Bref, un vrai inventaire à la Prévert. Pas une journée où il ne manipule pas les biens familiaux avec ses quatre employés, où il ne donne pas son expertise sur une montre à gousset pour le compte de Rennes Enchères.
Chez lui, on est dans le temple du temps qui passe encore lentement. on y réhabilite au mieux les aiguilles cassées, les mécanismes tordus, ou les verres brisés. Sans lui, le temps n’aurait pas le même goût. Sans lui, les heures n’auraient pas la même saveur. Heureusement, il est là pour faire sonner les minutes et former si possible les apprentis. « C’est un métier d’une grande diversité », ajoute-t-il. « J’ai entre mes mains des belles signatures. J’ai eu une louis-Abraham Breguet du tout début 19e ! « . Pour en savoir plus sur le mécanisme de l’horloge du beffroi. Horlogerie Lafayette, 18 rue Hoche, 35 000 Rennes. Email : [email protected]
Une histoire. L’horloge de la mairie est installée depuis le 1er octobre 1845. Elle est l’œuvre de Monsieur Gourdin, ingénieur mécanicien à Mayet, Mayenne. Elle a été placée dans la tour de l’hôtel de ville sous l’administration du maire Emmanuel Pongérard, de messieurs Éon Duval et Lautier, adjoints. « C’est un vrai monument! », précise Jean-Luc Martin. Merci aux Artisans d’Ille-et-Vilaine pour l’organisation de cette rencontre.