Dans son édition du mercredi 5 juin 2024, Le Canard enchaîné publie un article au titre sans équivoque : « Au CHU de Rennes, on n’a pas l’alarme à l’œil ». L’hebdomadaire satirique y révèle que, pendant plus d’une décennie, certaines unités de soins du CHU de Rennes — notamment en chirurgie digestive — ont fonctionné sans dispositifs de surveillance adéquats pour les patients. En cause : une volonté de la direction de ne pas installer de scopes ni d’alarmes centralisées, pour éviter les sons jugés stressants pour les malades. Dès 2012, cette politique avait été pourtant dénoncée par l’Agence régionale de santé (ARS), sans effet.
D’après le Canard, les avertissements ont été nombreux. En 2019, le patron du service d’anesthésie-réanimation avait alerté la directrice Véronique Anatole-Touzet. « L’absence de scopes dans une USC (unité de soins continus) n’est pas acceptable. » Un décret ministériel d’avril 2022 rendait même ces équipements obligatoires, mais l’administration n’en avait cure. Il faudra attendre un drame en janvier 2023 pour que la direction réagisse enfin. Ce mois-là, une patiente non surveillée est retrouvée en arrêt cardio-respiratoire. « Or, avec scope, le personnel aurait été informé en temps réel de son état. »
Heureusement, note le Canard, la famille n’a pas porté plainte. Quelques semaines plus tard, le 10 février, puis le 18 juillet, la directrice signale l’incident à l’ARS en justifiant cette absence rendue possible…avec l’accord des tutelles. « Ce n’est pas moi, c’est eux », ironise le Canard. L’été suivant, six scopes sont enfin installés pour douze lits d’USC, mais, comme le souligne le Canard : « ils ne risquent pas de se télescoper ». Sous la direction de Véronique-Anatole-Touzet, l’hôpital breton est depuis devenu le premier en France à obtenir la mention « haute qualité des soins » de la Haute autorité de soins en février 2022. « Normal, ajoute le Canard, puisqu’aucun voyant rouge ne s’y est allumé. »
Le 30 avril dernier, par un mail d’adieu, le centre hospitalier universitaire de Rennes, premier employeur de la région, apprenait à ses collaborateurs que sa directrice, Véronique Anatole-Touzet, quittait le navire… dès le lendemain, pour prendre la tête de la commission de certification des établissements de santé au sein de la Haute Autorité de Santé. On fait mieux dans le respect de l’information des collaborateurs…
Ce départ remarqué intervenait alors que d’autres critiques s’étaient déjà accumulées au cours de son mandat. Notamment dans le service de neurochirurgie, où la gestion de plusieurs situations de harcèlement moral avait été pointée du doigt à de nombreuses reprises, comme Rennes Infos Autrement l’a relayé dans ses colonnes. Des témoignages de personnels, des alertes internes et des articles de presse avaient fait état d’un malaise persistant, auquel la direction n’aurait pas apporté de réponse satisfaisante. Heureusement, tout n’est pas à jeter aux orties…Véronique Anatole Touzet et ses équipes auront mené à bien la construction du centre chirurgical et interventionnel (CCI).