Depuis plusieurs années, les habitants du quartier du Triangle, dans le sud de Rennes, vivent un calvaire quotidien. Chaque soir (ou presque), une communauté (principalement des Mahorais) s’installe sous leurs fenêtres, transformant leur lieu de vie en zone de bruit et de désordre permanent. Malgré de nombreuses réclamations auprès des autorités, les riverains se sentent ignorés et désespèrent de retrouver le calme.
Personne ne sait pourquoi ils se réunissent là, mais je puis vous dire que c’est intolérable », un riverain.
Des nuisances nocturnes
Le vacarme incessant est le lot quotidien des habitants du Triangle. « J’en viens à rêver d’un point de deal, au moins, on s’occuperait de nous et l’on pourrait dormir ! », confie, à bout, une jeune infirmière enceinte domiciliée square du Cormier. « Pour l’exercice de mon métier, cela devient difficile. Le médecin m’a conseillé de m’arrêter. » Pour Bernard Josse, autre résident du quartier, la situation est quasi identique. « Ils sont partout, devant la grande salle du Triangle, 365 jours sur 365. En pleine journée jusqu’au bout de la nuit, ce sont des disputes, des cris, des conversations fortes, de la musique, des altercations sur fond d’alcool. Cela fait sept ans que ça dure. »
Des années de plaintes
Depuis mai 2017, les riverains multiplient les démarches auprès de la municipalité de Rennes pour trouver une solution. « Nous avons eu des réunions et encore des réunions », note un voisin. « Nous avons eu un bel écrit de madame la maire de Rennes de 2017. Mais rien n’a été fait. J’ai peur que quelqu’un pète un plomb ! » En juillet 2021, Lénaïc Briéro, adjointe à la sécurité, avait pourtant tenté de rassurer les riverains en reconnaissant l’ampleur du problème. Dans une lettre adressée aux habitants, elle déclarait comprendre l’exaspération. « Avec ma collègue Béatrice Hakni-Robin, nous sommes pleinement mobilisées et conscientes des difficultés qui sont les vôtres. C’est la raison pour laquelle nous avons organisé deux réunions avec les résidents au cours du mois de juillet. La tranquillité et la sécurité sont des droits fondamentaux, mais aussi des piliers essentiels de notre qualité de vie. Nous sommes particulièrement attachés à ce que chaque Rennais puisse vivre dans la ville en toute sérénité. »
Un sentiment d’abandon
Malgré les promesses de renforcer la présence policière, les riverains continuent de se plaindre du manque d’action. « Les forces de l’ordre sont préoccupées par les stupéfiants, et c’est normal », explique l’infirmière. « Désormais, nous appelons la police municipale. Mais elle agit uniquement sur le centre-ville. » Pourtant, dans sa lettre de 2021, Lénaïc Briéro précisait avoir fait le nécessaire aux habitants. « Je viens de faire suivre vos messages au responsable de la police municipale et au directeur départemental de la sécurité publique. L’objectif est de multiplier dans les prochaines semaines la présence des policiers sur le secteur. […] À la lecture quotidienne des mains courantes dans le commissariat, je constate que les agents sont sur le terrain et n’hésitent pas à verbaliser. »
Mais pour les riverains, ces efforts ne se traduisent toujours pas sur les lieux. Certains ont même tenté de parler directement aux fauteurs de troubles. « Nous n’y allons plus. Cela pourrait dégénérer ! », explique Bernard Josse, épuisé par la situation. Exaspérés par l’inaction et l’insomnie répétée, plusieurs habitants ont quitté le quartier. Ceux qui restent continuent de faire pression pour obtenir une intervention plus ferme des autorités. Ils prévoient de lancer une pétition pour trouver une solution durable qui leur permettrait de retrouver un semblant de tranquillité.
Infos + : en mai 2019, un individu a poursuivi un autre avec une machette en le menaçant de mort, et ceci jusque dans le square du cormier. Vidéo et photos fournies par les riverains.
