Le 11 février 2025, environ 500 étudiants ont défilé dans les rues de Rennes pour protester contre les coupes budgétaires, à l’appel de plusieurs syndicats, dont l’Union Pirate et Sud éducation. Mais en fin de rassemblement, les tensions ont été vives entre manifestants et policiers sur l’avenue Gaston Berger, le long du campus. « Au retour du cortège aux abords de Villejean, une série d’incidents a eu lieu sur la voie publique », a tenu à réagir la direction de l’université, dans un communiqué envoyé à son personnel. « Des membres des forces de l’ordre se sont positionnés devant une entrée, avenue Gaston Berger. Ils sont intervenus dans l’enceinte de notre établissement sans autorisation de la présidence. Nous rappelons notre attachement au principe de franchise universitaire : les représentants de l’Etat doivent respecter les limites du campus et ne pas les franchir sans réquisition préalable. »
Toute la journée a été particulièrement tendue », explique un observateur.
Le syndicat Sud Éducation (voir aussi la version de l’Union pirate) a également dénoncé cette opération. « En fin de cortège, les étudiants mobilisés ont souhaité tenter une dernière initiative », explique-t-il. « Ils ont mis en place un barrage filtrant sur l’avenue Gaston Berger, en distribuant des tracts aux automobilistes. L’intervention des forces de l’ordre ne s’est pas fait attendre : la CDI (compagnie départementale d’intervention) a chargé et utilisé des grenades lacrymogènes jusque dans l’enceinte du campus. Des gaz ont même pénétré dans un amphithéâtre, contraignant étudiants et enseignante à évacuer. Sud Éducation condamne fermement ces agissements, qui constituent une atteinte grave au droit de manifester. »
Du côté des autorités, le récit est tout autre. Une source policière justifie leur démarche par des débordements ayant entravé la circulation et mis en danger la sécurité publique aux abords de la faculté. « Des barricades ont été dressées sur l’avenue Gaston Berger, bloquant la route. Des poubelles ont été incendiées. Lorsque nous avons essuyé des jets de projectiles, nous avons riposté avec des gaz lacrymogènes. Deux ou trois policiers, qui ne connaissaient pas les lieux et devant le replides manifestants, sont entrés par mégarde sur le campus. »
Cette intervention s’inscrit dans un climat de crispation entre les autorités, les grévistes et l’université. Quelques jours plus tôt, la présidence avait sollicité selon nos informations l’action des forces de l’ordre pour empêcher l’occupation de bâtiments de Villejean, qui a depuis engendré plus de 300 000 euros de dégâts. Toutefois, pour des raisons encore floues, cette opération avait été annulée à la dernière minute. Décision préfectorale ou revirement de la présidence face au risque d’envenimer la situation ? Le mystère reste là aussi entier.