Saint-Vincent est bien connu des Rennais et des Bretons. Érigé sur des coteaux, le lycée occupa jadis d’autres lieux dans la capitale bretonne. Un temps établi près de la préfecture, puis dans l’actuel Jean-Macé grâce aux dons d’un certain Godefroy Brossays Saint-Marc (évêque de Rennes), il est installé depuis 1912, à deux pas du parc du Thabor. « En déménageant de la rue Jean Macé à la rue de Paris, notre établissement est passé d’un palais italien à la villa Médicis, » précise non sans un sourire, Lionel de la Herverie, érudit et ex-professeur d’histoire.
Un petit air d’Italie
À l’époque, l’institution était visible de loin, de très loin. Elle devait capter tous les regards. Mais elle ne tardera pas à être entourée d’élégantes résidences. Œuvre d’un certain Henri Mellet (28 mai 1852 à Rennes-23 juillet 1926 à Rennes), ce « défi catholique » impressionne par sa longue façade où l’on retrouve les pierres du pays (schiste de Pont-Péan) et grès (Saint-Germain). On n’oubliera pas non plus les tuiles qui donnent un petit air florentin à la belle construction du siècle dernier.
La devise donnée au collège fut Pro Deo et Patria (Pour Dieu et la patrie).
Après avoir salué Saint-Vincent (portrait sur un mur de l’entrée), direction les magnifiques escaliers, en haut desquels sont inscrits pour l’éternité les morts pour la France de Saint-Vincent (330), sur les piliers en granite. « On y retrouve les patronymes de ceux qui ont été formés ici pour devenir officiers à Saint-Cyr, polytechniciens ou encore ecclésiastiques », ajoute Lionel de la Herverie. Le temps d’une inclination respectueuse, prenons ensuite de la hauteur dans le belvédère.
Au sommet de l’établissement, la vue est imprenable sur le sud de Rennes. Au loin, l’on aperçoit l’église Sainte-Thérèse, le Blosne, le Colombier, la mairie, le carmel et le campanile de Saint-Vincent. Mais en ce mois de février (et malgré le soleil hivernal), il nous faut redescendre vers la chapelle où Lionel de la Herverie se garde bien de nous faire un sermon face à notre inculture. Non, on ne connaît pas le nom des maîtres verriers rennais (André et Paul Rault) ou encore le nombre de briques de la réalisation (400 000).
La chapelle n’a pas de statue, à l’exception de la vierge et de Saint-Vincent.
Surpassant par sa splendeur l’oratoire et le carmel, la chapelle de style romano-byzantin détonne par sa singularité. Ici, les vitraux sont bien souvent en rouge (sang du Christ) et noir (la robe du prêtre). « Ces couleurs (de Saint-Vincent) auraient inspiré celles du Stade rennais », assure le guide du jour. Mais rien n’est certain ! « Derrière l’autel, ajoute Lionel de la Herverie, sept vitraux représentent Saint-Yves, Jeanne d’Arc, Charles de Foucault, Saint-Vincent, Sainte-Genièvre, Saint-Louis et Sainte-Thérèse. » En sortant de l’édifice, le temps s’arrête un instant avec cette vue sur la façade de l’établissement. Ici, sans doute sont nées les vocations de nos chères têtes blondes ayant fréquenté ces lieux : François-Régis Hutin (patron d’Ouest-France), Patrick Le Lay (PDG de TF1), Samuel Étienne (journaliste-présentateur) ou encore Pierre Méhaignerie (ministre de la Justice). Possibilité de visite avec l’association des Parents d’élèves.