Au début des années 80, la rue Saint-Michel était une artère commerçante. Elle abritait des boulangeries (Blanchard) et de nombreux magasins (électroménager, horlogerie). Mais à l’époque, changement de politique de la ville ! La municipalité laisse proliférer les débits de boissons au grand dam de la préfecture qui voit d’un mauvais œil ces ouvertures.
Quarante ans plus tard, les héritiers du maire Edmond Hervé font marche arrière. Ils exercent leur droit de préemption sur de nombreux biens afin de gentrifier cette artère. À tort ou à raison, penseront les Rennais. Mais avant que cette rue ne devienne celle de la Soif, elle eut déjà toute une histoire ! « Signalée dès le XVe siècle, elle tire son nom de l’ancienne porte Saint-Michel au nord de laquelle elle se trouvait », écrit Paul Banéat, dans le Vieux Rennes. « Elle se prolongeait autrefois vers le Nord jusque devant le cimetière Saint-Aubin. »
Elle fut la rue des Hôtels
En partant du haut de la place des Lices, passage obligé au 1 devant l’ancienne maison du Marteau, sauvée in extremis par un avocat rennais et son propriétaire, il ya quelques années. Elle remonterait XVIe siècle. Au numéro 9, des poutres apparentes sont soutenues par deux consoles sculptées de grandes feuilles d’acanthe. Au 13, la maison des Barrières serait la plus vieille maison de Rennes (selon toujours Paul Banéat) et daterait de 1580.
Pas loin, le 19 abrite l’ancienne hôtellerie franche du Flacon. De l’autre côté de la rue, le 6 et le 10 ont accueilli respectivement l’ancienne hôtellerie de l’image Saint-Michel et l’ancienne hôtellerie du Signe de la Croix. Aux 12 et 14, les maisons portent les noms de la Corne du Cerf et de la Bastille. Plus loin, le 16 paraît être l’ancienne hôtellerie de la Télémaque. Plus loin encore (entre le 18 et le 20), une allée mène au 27 rue du Penhoêt.
Ici, dans cette rue, la troupe de Molière séjourna au 13, rue Saint-Michel. « Ainsi, l’on imagine Molière arpentant la rue Saint-Michel, y cherchant un gîte, contemplant ses élégantes maisons Renaissance, examinant le jeu de paume du Chat noir où il allait monter sur les planches », écrit l’historien Barthélemy-Amédée Pocquet du Haut-Jussé. Molière a dû être satisfait de l’accueil et de la recette puisqu’il reviendra y jouer l’année suivante.
Infos + : la rue pourrait tirer son nom d’une chapelle du XIIe siècle dont les pierres auraient servi à construire la porte Saint-Michel.
