Pendant dix jours, le festival TNB (anciennement Mettre en scène) donne l’occasion aux amoureux de théâtre, de danse, de performances artistiques, de musique et même de cinéma, de vivre des émotions fortes. Commencé ce mardi 15 novembre, le festival se poursuit jusqu’au 25 novembre. Au programme, dix pièces de théâtres, sept performances, cinq films, deux spectacles de danse, deux concerts, mais aussi des ateliers, des rencontres, des sorties de résidence.
Les temps forts et les invités ne manquent pas, et les spectacles affichent pour la plupart déjà complets (mais il peut arriver qu’en dernière minute des places se libèrent). Pour cette nouvelle édition, on retrouvera pléthore d’artistes associés du TNB : Vincent Macaigne (acteur au cinéma certes mais avant tout metteur en scène) avec son adaptation de Shakespeare Avant la terreur (Richard III), Gisèle Vienne qui met en scène une nouvelle fois, après L’étang Adèle Haenel, Patricia Allio venue avec son documentaire Brûler pour briller, présentée comme une fable médiévale revenant sur le passé de Saint Jean de Doigt (Finistère), Sidi Larbi Cherkaoui, pour une sortie de résidence, le plasticien Xavier Veilhan (Tout l’univers), la chorégraphe Latifa Laâbissi (Cavaliers impures) et enfin le directeur du TNB Arthur Nauziciel, dirigé par Pascal Kirsch dans une pièce nommée Grand Palais.
Mais le festival se veut avant toute chose vecteur de transmission, de découvertes, et s’ouvre à l’international, avec deux moments forts : les pièces australiennes The Shadow whose prey the hunter becomes proposées par la compagnie Back to Back Theatre, qui a reçu une standing ovation lors de ses premières projections, mais aussi la pièce de Gurshad Shaheman, metteur en scène de renom en Iran, avec sa pièce Les forteresses interprétée notamment par Mina Kavani, qui tenait le rôle principal dans le dernier Jafar Panahi, Aucun Ours. Le festival propose enfin deux moments forts musicaux, à l’UBU les samedi 18 et 25 Novembre, en collaboration avec l’association les trans. Cette année, la première semaine du festival a pour fil rouge l’esthétique de la fragilité, de la singularité et de la création adaptée. La programmation complète est disponible ici.
Au bout d’une nuit de fête, une soeur et un frère se retrouvent. 20 ans auparavant, encore enfants, ils étaient unis par un lien fusionnel qu’un drame a déchiré.
Extra Life de Gisèle Vienne, que nous avons découvert ce vendredi, au Triangle, se range résolument du côté des œuvres qui se pensent et se reçoivent en trois dimensions, par l’image, la lumière, la musique, pour orner un texte poétique et troublant. Nous retrouvons Adèle Haenel aux côtés de Katia Petrowick et Theo Livesey, dans un lieu construit tel un décor de cinéma, quasi lynchien. Ce qui se joue entre un frère et un sœur, rentrant d’une sortie nocturne, a de quoi dérouter si l’on s’en tient aux seuls mots. Les repères, spacio-temporels volontairement supprimés, Extra life rend compte d’un état psychique, d’un univers sensoriel, s’attache à instaurer un rythme pour accompagner une musique omniprésente, aux consonances électro acoustiques rappelant là aussi le travail de Lynch, bien plus qu’il ne s’évertue à raconter une histoire limpide. Passé, présents, rêveries, souvenirs, projections, aliens, poupées, personnages miroirs (fantômes ?) s’invitent en permanence, dans un maelstrom particulier, cohérent, qui fait l’éloge du geste précis, de la lenteur et de la répétition. Le côté expérimental de la pièce, parfaitement assumé, éveille des sensations troublantes, un glissement semble s’opérer insidieusement, du rire à l’inquiétude, de l’insouciance à la peur du vide, de l’au delà. En filigrane, une impression d’un drame à venir, ou d’un traumatisme passé, semble faire écho, à un sentiment de culpabilité rémanent, qui n’échappe à aucun des trois personnages. Ce qui les unit, nous semble bien davantage obéir à un inconscient collectif, fantasmé et universel, encodé et restitué par le mouvement d’ensemble, qu’à la psyché individuelle propre à une relation fraternelle, amicale ou amoureuse. En fin de pièce, après les applaudissements nourris du nombreux public (salle du triangle remplie) Katia Petrowick a tenu à lire un texte en soutien aux palestiniens.
Le Festival TNB se tient du 15 au 25 Novembre 2023
Spectacles de 5 à 16 euros
Dans plus de 10 lieux culturels de la métropole Rennaise.