Le 2 octobre 2023, les membres d’une famille déposent plainte à la gendarmerie contre un des leurs. Sans plus attendre, les militaires se rendent chez l’irascible personne, très défavorablement connue de la justice. À leur arrivée, à Saint-Ouen des Alleux, vers 9 h 15, ils font face à un homme agité et sérieusement imbibé d’alcool. Mais l’individu n’a pas l’intention de se laisser faire. Il sort une tronçonneuse sous les yeux médusés des forces de l’ordre. « Je vais vous découper », clame-t-il.
La situation n’évoluant pas, les élites du PSIG (peloton de surveillance et d’intervention) de Vitré, mieux équipées, sont appelées en renfort. Sur les lieux, le quartier, ainsi qu’une école placée à proximité, sont immédiatement évacués en urgence. Quelques minutes, après leur arrivée, à 11 h 46, neuf détonations sont entendues dans le bourg. « Le premier qui rentre, je le dégomme », hurle le trentenaire. « J’ai piégé la maison. »
À 15 h 30, les hommes du GIGN, arrivés finalement, sécurisent la zone. Ils cernent la demeure avant d’essayer d’entrer en négociation avec le forcené pendant près de 3 heures, en vain. A 18 h 30, les militaires cagoulés, casqués et lourdement armés, vont réussir à pénétrer dans le logement par la fenêtre de la chambre et interpelleront l’individu visiblement endormi !
En garde à vue, après une phase de dégrisement, l’homme nie les faits. « Je n’ai menacé personne. En revanche, j’ai bien tiré sept cartouches. » Lors d’une perquisition, 12 armes seront saisies à son domicile. Ce vendredi 17 novembre, le prévenu âgé de 36 ans était jugé par le tribunal correctionnel de Rennes pour des violences et menaces de mort. Face aux magistrats, il s’excuse benoîtement. « Je n’ai aucun contrôle de moi-même. Je suis dangereux, je ne sais pas comment faire pour avancer. Je tiens à me repentir envers les gendarmes présents dans la salle, ils font bien leur boulot et ils ne méritaient pas ça. »
Le procureur David Marcat déplore une situation de siège. « Les militaires sont restés près de 9 heures, avec un forcené menaçant et déterminé. Si aujourd’hui l’accusé a la chance d’être devant nous, c’est grâce au sang-froid et au professionnalisme des forces de l’ordre. Je requiers en conséquence deux ans d’emprisonnement à l’encontre du prévenu multirécidiviste. » De l’autre côté de la barre, maître Bertrand Maillard tente de défendre son client. « Il a une enfance très difficile. Il n’a pas le profil d’un homme dangereux. Il a besoin d’un accompagnement et de soins. » Peine perdue… Le tribunal condamne Marc Bodin à 3 ans de prison.
Infos + : «Les agressions contre les gendarmes sont malheureusement légion », explique Olivier Chauvel, avocat des premiers gendarmes intervenus sur le site. « Celle que nous avons à connaître sort toutefois de l’ordinaire. Il est rarissime que l’on doive évacuer le voisinage et même une école. Les premiers gendarmes que je défends ont longuement parlementé avec le prévenu et fait preuve d’une patiente à toute épreuve.. Pour seule récompense, ils ont été menacés avec des haltères, une tronconneuse et enfin avec un pistolet ( chargé à blanc).»