Le Prix Goncourt 2025 a été attribué ce mardi 4 novembre à Laurent Mauvignier pour son roman La Maison vide, publié aux Éditions de Minuit. Le jury, présidé par Philippe Claudel, lui a décerné la plus prestigieuse des récompenses littéraires au premier tour, par six voix contre quatre à la Belge Caroline Lamarche (Le Bel obscur). À 58 ans, l’écrivain signe un texte ample, intime, magistral et peut-être un peu Rennais.
Aliénor Mauvignier, libraire à Rennes de la librairie Comment dire.
Installé depuis quelques années dans la capitale bretonne, l’auteur fréquente régulièrement la librairie Comment dire, rue Jules Simon. C’est là qu’exerce Aliénor Mauvignier, son ex-compagne, libraire et première lectrice de ses livres. Contactée par nos soins, après l’annonce du prix, Aliénor ne cache ni sa fierté ni son émotion. « Pour moi, c’est la récompense de plus de vingt-cinq ans d’engagement dans l’écriture pour un roman absolument extraordinaire. C’est amplement mérité », explique-t-elle.
Leur histoire personnelle s’est arrêtée après vingt-cinq années de vie commune, mais la complicité demeure, indéfectible. « Il essaye de courir après la littérature, pas après les prix », ajoute-t-elle. « Ce n’est pas pour une décoration qu’il écrit. Ce Goncourt, c’est une reconnaissance, mais il ne l’a jamais recherché. Ce n’est pas son moteur. » Dans sa librairie, Aliénor Mauvignier a eu la chance de lire La Maison vide dès ses premières versions. « Quand j’ai refermé le manuscrit, j’ai dit à Laurent que c’était un livre immense. Il a atteint une maturité d’écriture, une puissance narrative et une ambition rares. C’est sans doute son plus grand roman. »
Rennais, Laurent Mauvignier est heureux dans la capitale bretonne. « Il aime cette ville, son calme, son côté posé. Il la trouve belle, et il y a trouvé sa place», précise Aliénor. L’écrivain doit signer sa fiction à la librairie Comment dire le 15 novembre, à l’occasion des trois ans d’existence du commerce, de 18 h à 19 h. « C’était prévu avant le prix », précise Aliénor. « Mais forcément, l’événement va prendre une autre dimension. Depuis sa sortie, la librairie soutient La Maison vide. On en a déjà beaucoup en stock, parce qu’on le défendait dès le début. Mais avec le Goncourt, nous en redemanderons sans doute »
Né à Tours en 1967, Laurent Mauvignier a publié toute son œuvre aux Éditions de Minuit, maison qu’il n’a jamais quittée. Lauréat du prix du Livre Inter en 2000 avec Apprendre à finir, puis auteur remarqué de Des hommes, Continuer et Histoires de la nuit, il s’est imposé comme une voix majeure de la littérature française contemporaine. Dans son dernier roman de 750 pages, Laurent Mauvignier raconte la mémoire d’une maison, celle d’une lignée de femmes traversées par les guerres et les silences. On y retrouve son art du rythme, de la tension, et cette manière singulière de faire parler l’absence. « C’est un ouvrage où il ramène à la lumière tout ce que le temps a effacé », résume joliment sa première lectrice. Avec La Maison vide, le nouveau Goncourt signe une œuvre totale, à la fois intime et universelle. Et depuis Rennes, désormais, sa maison n’est plus si… vide.
