Un sourire discret, des yeux expressifs, encadrés par de jolies bouclettes d’une coupe à la garçonne ! À 34 ans, Thérèse Pierre avait la vie devant elle. Mais le 25 octobre 1943, elle est torturée par les Allemands. L’institutrice de Fougères gît au sol, méconnaissable. Un jour après, elle est retrouvée pendue dans sa cellule. « Ils m’ont brisée, dit-elle à sa voisine de prison, mais je n’ai rien dit. » Thérèse Pierre était la fille de René Ernest Pierre et d’Aline Catherine Francine Amiel, un couple d’instits, domiciliés à Épernay (Marne). Elle poursuit la tradition familiale en devenant surveillante à la rentrée 1929 à Feltin (Creuse). Cinq ans plus tard, en octobre 1934, elle est nommée professeure à l’École primaire supérieure de Bar-le-Duc (Meuse).
En 1935, Thérèse Pierre se rend en 1935 en URSS avec sa compagne Emma et en 1936, elle organise des collectes en faveur des Républicains espagnols. Engagée, elle prit la parole le 11 novembre 1938 à Verdun (Meuse) dans un meeting de femmes pacifistes. En septembre 1939, après une perquisition effectuée à son domicile, elle est expulsée de la zone des combats de la 3e Armée. Elle se retrouve en Bretagne où elle devient professeure de sciences naturelles dans les écoles primaires supérieures de Vitré, de Redon (Ille-et-Vilaine) en 1940, et de Carhaix (Finistère) en 1941.
Dans le nord Finistère, la jeune femme fait la connaissance d’un responsable du Front national de lutte pour la libération et l’indépendance de la France, Yvon (futur colonel Pascal dans la résistance). À la rentrée 1942, elle est mutée à l’école primaire supérieure de jeunes filles de Fougères (Ille-et-Vilaine). Elle y devient cheffe du Front national pour l’arrondissement sous le pseudo « Madeleine », chargée de la rédaction et de la diffusion de la presse secrète.
À cette époque, Thérèse délivre de faux papiers à des clandestins. Elle héberge des résistants occasionnellement chez elle. Elle sert d’agent de liaison, participe à des transports d’armes et à la préparation de plusieurs opérations contre l’occupant au sein des Francs-tireurs et partisans français (FTPF). Interpellée par la Gestapo le 21 octobre 1943 à Fougères, elle est incarcérée à la prison Jacques Cartier de Rennes. Là, elle est torturée par des policiers français du Service de la police anticommuniste, venus de Paris. Le 26 octobre, elle est retrouvée pendue au barreau de sa cellule. Ses bourreaux ont fait croire à un suicide, selon le témoignage du commandant FTPF Pétri. Son corps est inhumé dans le cimetière de l’Est de Rennes, puis transféré en 1946 dans celui du Nord à Épernay (Marne). En 1945, elle a reçu à titre posthume la Croix de guerre avec étoile d’argent et a été citée à l’ordre de la division. Son nom a été donné à un collège de Fougères créé en 1973.
Infos + : À l’occasion de l’inauguration d’une plaque commémorative au collège Thérèse Pierre de Fougères, le 27 octobre 1979, Germaine Guénée, résistante et proche de Thérèse Pierre, lui a rendu cet hommage : «Elle était d’une prudence et en même temps d’une audace qui lui faisait réussir tout ce qu’elle entreprenait. Il est absolument remarquable qu’aucun résistant, sous ses ordres, n’ait été pris au cours d’actions menées par elle ou avec elle […] Elle passait d’une franche cordialité à de brèves et fulgurantes colères quand la sécurité des partisans était en péril à cause de négligences ou bavardages ou imprudences. Elle subjuguait tout le monde depuis les F.T.P. de 17 ans qui auraient pu être ses fils jusqu’aux vieux militants qui auraient pu être ses parents12 »
25 octobre 1943. Rennes. Elle est au sol, méconnaissable. 2 jours que les Allemands s'acharnent sur l'institutrice de Fougères. "Ils m'ont brisée, dit-elle à sa voisine de cellule, mais je n'ai rien dit". Thérèse Pierre est retrouvée pendue le 26. 34 ans. pic.twitter.com/4kLViQZj8Y
— Paroles de Combattants de la Libération (@paroles_la) October 25, 2023