Ce mercredi 8 octobre, devant le bureau de poste du Colombier, Arnaud Bordier, représentant du syndicat SUD, a pris la parole pour exprimer la colère des facteurs, en présence d’une cinquantaine de manifestants. « D’un côté, notre gouvernement se dit attaché au service public », déclare-t-il. « De l’autre, notre PDG envisage sérieusement de raboter 50 millions d’euros du budget consacré à la présence postale. Qui doit-on croire ? Cette coupe, si elle est confirmée, aura des répercussions immédiates pour les usagers. »
Des conditions de travail en déclin
Selon Arnaud Bordier, la situation au sein du groupe La Poste n’a cessé de se détériorer. « En seulement deux ans, 15 000 emplois ont été supprimés », déplore-t-il. « À leur place, 20 000 postes précaires ont été créés, avec des intérimaires qui viennent combler les vides ». Cette situation mettrait en péril la qualité des services et les conditions de travail des salariés. « Notre modèle social divise et émiette notre organisme. Il dégrade encore plus le bien-être professionnel pour ceux qui restent, qu’ils soient préposés ou guichetiers », explique le syndicaliste.
La réduction des effectifs ne serait pas sans conséquence sur le terrain. « Dans certaines communes, le facteur ne passe plus que deux ou trois fois par semaine », précise Arnaud Bordier. « Dans les quartiers urbains, trouver un bureau ouvert toute la journée relève du parcours du combattant ». En Bretagne, la situation serait particulièrement critique. « Un quart de nos collègues aux guichets sont en arrêt maladie », alerte Arnaud Bordier. Sans compter la fermeture progressive des bureaux de poste, remplacés par des points relais dans des commerces de proximité. « Un bar-tabac ou un épicier ne peut pas offrir la même qualité de service qu’un postier formé », martèle-t-il.
Face à cette situation, les grévistes formulent des demandes précises. « Nous exigeons la réouverture des guichets dans les communes et quartiers, ainsi qu’une rémunération juste pour les agents », déclare Arnaud Bordier. « Dans un groupe de 160 000 employés, 80 % d’entre nous sont à peine au-dessus du SMIC. Cela ne peut plus durer ». Pour lui, La Poste reflète désormais la fracture sociale qui divise la France. « Il est essentiel de rétablir un service postal équitable et accessible à tous, indépendamment de la localisation ou du statut socio-économique des usagers. »