L’affiche de l’exposition Pionnières. Artistes dans le Paris des années folles met à l’honneur la chanteuse malouine Suzy Solidor (1900-1983). Dans tout Paris, elle convie les touristes du monde entier à pousser la porte du Musée de Luxembourg où l’on présente le rôle primordial des femmes dans les grands mouvements artistiques de la modernité.
Réalisé en 1935 par une peintre talentueuse polonaise Tamara de Lempicka, le portrait offre la douce représentation d’une intimité érotique et cubique. Il célèbre une icône lesbienne, connue pour ses chansons saphiques et célèbres dans l’entre-deux-guerres dans les cabarets et théâtres parisiens.
Androgyne avant l’heure
Suzy Solidor est née à Saint-Malo en 1900 de père inconnu et d’une certaine Louise-Marie Adeline Marion. Domestique chez un avocat malouin, sa mère en fut sans doute sa maîtresse et le réceptacle de sa semence fertile. Compagne vraisemblablement de Mermoz (mais aussi attirée par la douceur féminine), Suzy fut plus tard une grande dame de la chanson française.
Androgyne avant l’heure, Grace Jones des années folles, la Sarah Bernardht des Concerts était l’égérie des peintres et des artistes de son époque (Vand Dongen, Laurencin, Fujita et bien sûr Lempicka). L’improbable Cocteau aimait à dire d’elle : « Elle a une voix qui part du sexe ». Durant de nombreuses années, Suzy Solidor chanta Les Filles de Saint-Malo, La fille des bars, mon légionnaire… Elle fut également romancière et actrice.
Sa vie fut évidemment bien remplie, mais marquée par une passade douteuse au temps de la collaboration. Elle interpréta Lily Marlène… De quoi lui causer quelques ennuis à la Libération. On préfère se souvenir qu’elle soutint haut les couleurs de Saint-Malo et de la tour Solidor dont elle porta le nom pendant toute sa carrière. Le musée du Luxembourg est ouvert pour l’exposition Pionnières. Artistes dans le Paris des années folles. Tous les jours de 10 h 30 à 19 h. Nocturne les lundis jusqu’à 22 h. Fermé le 1er mai. Tarif plein : 13 euros. Tarif réduit : 9 euros.