Fille de gendarme et de lavandière, Sébastienne Guyot, née le 26 avril 1896 à Pont-l’Abbé dans le Finistère, demeure une figure emblématique du XXe siècle. Elle fut pionnière dans l’ingénierie, athlète de niveau international et résistante française durant la Seconde Guerre mondiale. Sa trajectoire remarquable mérite d’être contée, notamment ses exploits aux Jeux olympiques d’Amsterdam en 1928.
L’année de son baccalauréat, son père l’emmène voir des aéroplanes à Brest. Elle n’a plus qu’une idée en tête : en concevoir et en piloter.
Issue d’une famille bretonne, Sébastienne se distingue très tôt par ses compétences académiques. Elle est d’abord institutrice. Mais elle démissionne en 1917 pour préparer l’École centrale de Paris. Elle y entre en 1917, faisant partie de la première promotion féminine (1918) et la seule d’origine modeste. Diplômée en 1921 (40e sur 243 et 3e femme), elle choisit de se spécialiser en mécanique et s’oriente rapidement vers l’aviation, un domaine en pleine expansion à l’époque.
En sortant de son établissement d’enseignement, la jeune Bretonne travaille dans plusieurs sociétés aéronautiques où elle dépose six brevets de 1931 à 1939. Elle dessine des fuselages, des coques d’hydravions et dirige par la suite ses recherches sur les hélicoptères. En 1932, elle achète un avion, un Farman 231 avec lequel elle se rend dans le Finistère pour voir sa famille ! Son parcours sportif est tout aussi impressionnant.
Sans aucun antécédent en compétition athlétique jusqu’à l’âge de 29 ans, Sébastienne se découvre une passion pour la course à pied. Elle devient championne de France de cross-country en 1928, à Saint-Cloud. La même année, elle se qualifie pour les Jeux olympiques d’Amsterdam sur 800 mètres dans une discipline considérée à l’époque comme l’une des plus exigeantes pour les femmes. Bien que son parcours olympique se soit terminé en séries, elle continuera à disputer dans des épreuves internationales jusqu’en 1932.
Outre ses réalisations en ingénierie et en sport, Sébastienne Guyot s’illustre par son engagement dans la Résistance dès le début de la Seconde Guerre mondiale. Arrêtée par les Allemands en 1940 alors qu’elle tentait de libérer son frère, elle est placée en détention durant six mois au Mans (à Fresnes, selon certains) qui laissera des séquelles irréversibles. Elle mourra prématurément en 1941 à Paris, à l’âge de 45 ans.
La mémoire de Sébastienne Guyot résonne encore aujourd’hui, notamment à travers une bourse qui porte son nom et attribuée à des étudiantes de CentraleSupélec. Son frère aîné, Georges (1894-1982), sera pilote de guerre et décoré de la Légion d’honneur en 1917. Ses cadets, Roger (1901-1980) et René (1903-1977) seront tous deux polytechniciens. À titre posthume, elle reçoit la médaille de la Résistance en 1947. Son patronyme figure sur le monument aux morts de l’École Centrale où elle est la seule femme dans ce cas.
Infos + : son nom est donné à une rue du Trégueux.