Il y a cent ans, à Rennes, ce fut un jour émouvant, patriotique, d’un enthousiasme débordant au moment où la préfecture d’Ille-et-Vilaine fut informée officiellement de l’Armistice à 11 h 35 du matin. Apparaissant au balcon, le maire de Rennes, Jean Janvier, annonça l’heureuse nouvelle. « Vive la Paix », cria-t-il, sous les vivats de la foule avant d’ajouter : « Les hostilités ont cessé sur tous les fronts et je n’aurai plus que comme maire, la tristesse de recevoir, chaque matin, la liste des enfants de Rennes tombés au champ d’honneur, avec cette douloureuse mission d’en faire part à leur famille… »
Une touchante unanimité ne s’était pas vue depuis longtemps dans notre cité. « Il faut remonter au 1er août 1914 pour retrouver des manifestations comparables. Ce fut une explosion de joie devant la mairie de Rennes », écrivait le journal Ouest-Eclair, dans ses colonnes le 12 novembre 1918. A midi, plusieurs automobiles parcoururent la ville, placardées de pancartes en gros caractères : « L’armistice est signé. Vive la France ! Vivent les alliés ! »
Sans plus attendre, des Rennais s’empressèrent de pavoiser dans la ville avec leurs drapeaux. « Bientôt à toutes les fenêtres claquaient joyeusement les couleurs alliées. C’était une joyeuse et éclatante floraison, comme jamais Rennes n’en connut ! », ajoutait le quotidien. A midi quinze, un gai carillon parcourut la ville. « Une heure après, la sirène de la Courouze jeta à tous les échos ce hululement qui, en d’autres circonstances, serait sinistre. «
Dans les rues, les gens chantaient la Marseillaise comme les ouvriers de l’Arsenal, remontant vers le centre de ville. A15 heures, deux pièces d’artillerie installées sur le Champ de Mars tirèrent 101 coups de canon. « cependant que, sur le dôme de l’Hotel de Ville, un artificier fit retentir 21 formidables détonations, à nouveau entendus à 18 h et 21 heures. » A 20 heures, la mairie, la préfecture, le théâtre et la gare s’illuminèrent comme aux jours de fête. Partout, ce fut la liesse. Les magasins étaient fermés et les Rennais portaient au veston soit un petit drapeau, soit une cocarde aux couleurs alliées. Ce jour-là, les cafés fermèrent à minuit et la ville resta éclairée jusqu’à l’aurore.