Esplanade du Général de Gaulle, cette après-midi-là, nombreux étaient les Rennais venus rendre hommage à nos victimes tombées aux champs d’honneur de la liberté d’expression. En ce dimanche 11 janvier 2015, la foule a défilé en silence dans les rues de Rennes. De mémoire de Bretons, elle n’avait jamais été aussi importante sauf peut-être pour défendre l’école libre.
« Nous sommes tous Charlie »
À Rennes, comme nulle part ailleurs, la tête de la manifestation était menée par un florilège de journalistes marchant derrière une banderole où il était écrit en lettres blanches : « nous sommes tous des Charlie ». De l’esplanade du Général de Gaulle à la mairie, en passant par l’avenue Janvier et les quais, les Rennais brandissaient des écriteaux où les slogans rivalisaient d’imagination, d’indignation et de bons mots. Comme un hommage aux dessins de Charlie Hebdo ! Les Bretons étaient silencieux, parfois pédagogues avec les plus petits. Ils étaient près de 115 000 personnes, voire peut-être plus selon les organisateurs.
Sous un grand soleil, la tristesse n’était pas dans les yeux. Elle était dans les cœurs. Mais sur les visages, la joie d’être réunie, la joie de participer à un moment historique, la joie d’être simplement là pour condamner l’effroyable et l’abominable. Dans le cortège, on applaudissait à tout rompre comme pour exorciser les peurs, comme pour saluer les victimes. C’était émouvant. C’était troublant de voir côte à côté des jeunes et des vieux, des communistes aux côtés de Lepenistes. C’était un dimanche rennais, un jour de repos, mais un jour où le combat contre le terrorisme trouvait parmi les citoyens un retentissement considérable. Rennes pouvait être fière. Elle portait haut le flambeau de l’action, de la réaction et de la liberté. 115 000 anonymes contre la barbarie, bien plus que la moitié de la cité ! Ce dimanche-là, Rennes vivait en intelligence.