Mercredi soir, au Triangle, la ville de Rennes espérait une réunion…carrée sur le futur aménagement de la ZAC (zone d’aménagement concerté) de Haut-Sancé. Elle avait fait venir les hauts dirigeants de Bouyges et son directeur de l’urbanisme, Alexis Mariani. Malgré la qualité des interventions des représentants du promoteur immobilier, ce fut une bronca des citoyens rennais…
« Faut-il encore parler de zone d’aménagement concerté? « , a ironisé un Rennais. « Nous sommes plutôt dans une zone d’aménagement contestée…Ce projet architectural ressemble fort à ce qui était construit il y a quarante ans à Rennes dans notre ville. Mais peut-être que les porteurs du projet ont-ils voulu faire un clin d’œil au passé ? «
La plaine de Baud partout à Rennes ?
« On ne peut pas continuer à entasser les gens comme la mairie le fait », a-t-il ajouté. « On ne peut pas continuer à construire des immeubles les uns contre les autres. Voulez-vous des projets comme la plaine de Baud partout à Rennes ? En êtes-vous fier ? Il me semble que d’autres choix sont possibles… » Comme ce Rennais, les riverains sont pleins d’interrogations et… c’est un euphémisme de le dire. » Qu’est-ce que vous allez faire des 750 enfants supplémentaires ? », a demandé l’une.
De réponse, l’adjoint au maire, chargé de l’urbanisme, Sébastien Sémeril, s’est bien gardé d’en donner, élections municipales approchant. Il a laissé son directeur de l’urbanisme et l’élue Catherine Debroise montés au front. « Il n’y aura pas 750 enfants comme vous le dîtes », a répondu Catherine Debroise. « Nous aurons 750 personnes et non 750 enfants. A Rennes, comme beaucoup le savent, de nombreux logements sont occupés par une personne seulement. »
Face au brouhaha de la salle, le directeur de l’urbanisme est venu à sa défense. « C’est un sujet qui a donné lieu à une étude particulière par nos services de l’éducation. Ces informations sont sur notre site. » Une jeune femme a alors demandé une vraie réponse. « C’est mieux de nous donner des précisions, ici en réunion publique, que de nous dire de nous rendre sur Internet. » Face à la pression de l’assistance, Catherine Debroise a fini par préciser la position de la ville. « Le site de l’école du quartier permet une nouvelle extension ! Nous avons du foncier disponible pour accueillir les enfants ! «
500 logements, cela fait quand même 500 voitures !
Outre l’accueil des enfants, les riverains s’interrogent aussi sur la place de la voiture. « Où mettra-t-on les voitures ? », a interrogé l’autre. « Combien de parkings y aura-t-il ? Nous attendons des réponses de la municipalité. 500 logements, ça fait quand même 500 voitures ! » A cette question, Catherine Debroise a avancé un argument comptable. « Une partie des logements seront sociaux et, comme vous le savez sans doute, une bonne partie de ces habitants n’ont pas de voiture. » Ce qui n’a pas manqué de faire réagir la salle. « Si ces gens n’ont pas d’automobiles, ils prendront le bus mais comme la municipalité le sait, nous n’avons que deux lignes de bus, dont la 11 qui ne passe plus après 21 h 30…. «
Entre la ville et une partie de ses habitants, le ton est monté d’un cran ce mercredi soir au Triangle. Entre la municipalité rennaise et ses riverains, l’incompréhension était totale. « La densification doit se faire dans le respect de l’existant et du voisinage et selon un type architectural innovant afin de ne pas reproduire les erreurs passées des années 70 », a osé une riveraine. Comme elle, nombreuses ont été les réactions ce mercredi soir. « Dans les intervenions du public, on sent parfois une vraie connaissance des dossiers », confiait un Rennais, juriste. « Face à cela, la ville ne doit plus se draper dans une posture, derrière des mots creux comme concertation, expression des besoins ou pis derrière des diaporamas. Elle ne peut plus se permettre de croire en sa seule intelligence, à distiller une novlangue. Elle doit vraiment associer dès le début des projets les riverains. Les « sachants » sont aujourd’hui partout dans la ville et non plus seulement dans les bureaux des services municipaux. »
La phrase du jour : « La municipalité rennaise parle uniquement des 270 logements du projet Bouygues. Mais elle oublie de nous évoquer le projet globalement. Sur la ZAC du Haut-Sancé, ce sont 500 logements qui seront construits. »