Le projet d’installation du parc éolien Les Ailes de Chevré est loin de faire l’unanimité à Acigné, ainsi que dans les communes voisines, Thorigné-Fouillard et la Bouéxière, directement « impactées » par le programme. « Depuis son annonce en 2015, explique l’élu rennais d’opposition, Antoine Cressard, ce programme, porté localement par le maire d’Acigné, est contesté par un collectif de plusieurs centaines de personnes. Les détracteurs critiquent l’emplacement choisi, évoquant des risques et des menaces pour l’environnement et la biodiversité. »
Le plan initial prévoyait six éoliennes. Mais il a été revu à la baisse, ce qui soit dit en passant, remet en cause sa viabilité économique et sa légitimité. » Antoine Cressard
Impliqué, le conseiller municipal minoritaire pointe du doigt l’installation de trois éoliennes de 180 m chacune. « Elles font deux fois la hauteur des Horizons, à l’entrée de la forêt classée de Rennes, très fréquentée par les promeneurs et à proximité immédiate d’une zone Natura 2000. » Outre la taille des engins ailés, la mission régionale d’autorité environnementale de Bretagne souligne notamment les dangers pour les chauves-souris et les balbuzards pêcheurs, les risques d’incendies, les nuisances sonores et l’impact visuel. « Ce projet est plus politique qu’écologique ou économique. Il s’agit pour ses promoteurs de se positionner comme étant à la pointe de la transition et pour la métropole de se targuer d’avoir son parc éolien sur son territoire. Malheureusement, il est incohérent ! L’agglomération devrait plutôt se tourner vers l’expérimentation d’autres formes d’énergies renouvelables comme la méthanisation ou le photovoltaïque plutôt que les éoliennes inadaptées à notre région. »
Représentant du collectif « Vents contraires 35 », présidé par Christophe Prime, l’avocat Sébastien Collet est monté lui aussi au créneau, lors de l’enquête publique. « L’emplacement retenu est particulièrement problématique en termes d’atteinte à la faune », a-t-il écrit à l’enquêteur. Lui aussi met en avant le risque de collision entre les chiroptères (chauve-souris) et les trois éoliennes. Mais ce n’est pas tout ! L’homme de loi et ses clients tiennent à défendre le balbuzard pêcheur. « Au regard des informations disponibles, cette espèce va probablement passer du statut “vulnérable” à “une situation critique”, en raison de son faible effectif en Bretagne et de son taux de déclin. En 2019, on estimait à 87 les couples reproducteurs en France. »
Au printemps 2023, un seul ménage de ce rapace était installé en Bretagne. « L’enjeu est de renforcer son implantation en Bretagne, car il représente le noyau principal pour le développement futur de la population locale », indique l’association Bretagne vivante. Résultat, l’avocat est vent debout. « La sensibilité du balbuzard pêcheur face aux éoliennes est considérée comme élevée en raison du danger de mortalité par collision et de l’effet repoussoir perturbant les couloirs migratoires de l’espèce. Le préfet de Loire-Atlantique en a d’ailleurs déjà pris conscience du risque éolien. Il a pris les mesures qui s’imposaient pour en assurer la protection : il a refusé deux autorisations pour la réalisation de parc éolien. »
Interpellé sur le sujet, Marc Hervé, adjoint au maire, a répondu aux critiques, lors du dernier conseil municipal, ce lundi 15 avril où la ville devait rendre son avis. « Il y a toujours 1000 raisons de ne pas agir. Cela vaut pour l’éolien, pour le photovoltaïque, comme pour la valorisation des déchets. Mais tant que notre assemblée favorise les énergies renouvelables, nous sommes disposés à considérer cette proposition, soutenue par d’autres communes. » Bref, le parc éolien risque de perdre ses plumes…
Info + : « Le projet est situé entre le réservoir de biodiversité que constitue le massif forestier de Rennes et le corridor écologique formé par le cours du Chevré, » indique Sébastien Collet.