Le 13 mai 2023, Saint Senoux était le théâtre d’un événement culturel, intitulé « Créer ton personnage de contes », destiné à des enfants de 3 à 6 ans. L’atelier, qui promouvait la diversité et l’acceptation de soi, était animé par trois artistes « drag queens », Olivier, le local de l’étape, assisté de deux jeunes femmes, Faustine et Ambre. Contre ce spectacle, le groupe d’extrême droite d’inspiration maurassienne, l’Oriflamme, se rendait dans la petite commune. Il y distribuait des tracts où l’on pouvait lire : « à nos enfants, inculquez nos racines, n’imposez pas les drag queens. » Puis, ses militants scandaient des slogans comme « LGBT, dégénérés, ne touchez pas à nos petits » ou encore « Moins de trans, plus de France. »
Après quelques mois d’enquête, Paul C. comparaissait devant le tribunal correctionnel de Rennes pour organisation d’une manifestation sans autorisation et provocation publique à la haine en raison de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre. Il était condamné à quatre mois ferme le 11 septembre dernier. Ne l’entendant pas de cette oreille, le militant, défendu par Valentin Le Dily, a porté l’affaire devant la Cour d’appel de Rennes où il a nié être le coordinateur de l’opération.
Relaxe pour le militant
Cet argument a été retenu par les conseillers de la juridiction d’appel, le 17 avril dernier. « À supposer même que Paul C. (alias Marc Visada) ait été à l’origine de la création de L’Oriflamme, ce n’est pas pour autant qu’il serait de facto l’organisateur de cet événement », assurent les magistrats. « Certes, il était le porteur du mégaphone. Il a scandé les slogans et lu le tract. Pour autant, ce comportement ne relève pas de l’organisation même de la manifestation, mais plutôt de son déroulement. (…) Les éléments avancés par les gendarmes pour le désigner comme étant l’organisateur ne constituent pas une véritable démonstration. »
Un deuxième militant portait un fumigène et un troisième avait invité ses camarades à s’en aller à la vue des gendarmes
Contrairement à leurs confrères du tribunal correctionnel, les conseillers de la Cour n’ont pas retenu non plus l’incitation à la haine ou à la violence en raison de l’orientation sexuelle et de l’identité du genre. « Même si le contenu du tract et les slogans peuvent être critiqués, ils se contentent de contester de manière virulente des pratiques jugées inadaptées à un jeune auditoire. Mais ils ne contiennent aucun appel ou exhortation, même sous une forme implicite, tendant à inciter le public à la haine ou à la maltraitance envers les drag queens ou les personnes appartenant à la communauté LGBT. L’infraction n’apparaît pas caractérisée. » L’affaire pourrait être portée devant la Cour de Cassation