Il y a quelques mois, le conseil municipal de Rennes annonçait la construction du futur conservatoire à rayonnement régional dans le quartier du Blosne. « C’est un bâtiment ambitieux architecturalement et surtout complexe dans la prise en compte de ses futurs usages et de ses objectifs acoustiques et thermiques d’une très grande exigence », confie Benoit Careil, adjoint au maire.
Après consultation des entreprises capables d’effectuer les travaux, le montant de leurs offres s’est avéré largement supérieur à l’estimation du maitre d’oeuvre. « La commission d’appel d’offres a donc décidé de déclarer l’appel d’offres infructueux », a confié Benoit Careil. Trois raisons expliqueraient ce décalage : la complexité du projet, la reprise amorcée dans le bâtiment depuis 2016 et la faible concurrence entre les entreprises lors d’un appel d’offres.
Suite à la décision de la commission d’appel d’offres, un plan d’économies a été réalisé pour aboutir à un nouveau dossier de consultations d’entreprise. En dépit de nombreuses adaptations, l’estimation du coût prévisionnel a été réajustée à la hausse à 14,9 millions d’euros hors taxes contre 12, 4 millions d’euros hors taxe prévu initialement. « Le dépassement budgétaire se chiffre déjà à plus de 2 millions d’euros », confie Benoit Caron, élu de l’opposition. « Encore une grande réalisation, un grand projet rennais dont le coût explose avant même la pose de la première pierre. Pourtant, nous avions été contraints de revoir ce projet à la baisse au regard des apports financiers de l’État. Nous l’avions déploré! »
On ne monte pas une salle de foire !
Devant l’explication fournie par la municipalité, Benoit Caron tombe des nues. « On évoque des difficultés acoustiques. Pourtant, nous ne sommes pas en train de construire une salle de foire ! Cela me semble assez surréaliste de rencontrer des problèmes acoustiques dans une salle de musique… » Et d’ajouter: « pourquoi fréquemment à Rennes y a-t-il des dérives importantes ? Pourquoi la ville ne s’assure-t-elle pas de la réalité des devis proposés au vote des élus ? Deux millions d’euros de plus ne se trouvent pas sous les pieds d’un cheval… Je me demande bien aujourd’hui qui dans sa vie privée pourrait supporter en deux ans une augmentation de 15 %. Malheureusement, ce sont encore les contribuables qui vont payer… «
En réponse, l’adjoint au maire, chargé de l’urbanisme, Sébastien Séméril, fait valoir le devoir de transparence du conseil municipal d’informer les élus en cas de « modifications substantielles » d’un projet. Face au questionnement de l’opposition, il préfère mettre en avant la politique de la ville capable d’annoncer un conservatoire régional dans un quartier prioritaireet la construction de deux écoles, lors d’un seul et même conseil municipal de Rennes.