Depuis plusieurs jours, le quartier de Maurepas à Rennes est le théâtre de violentes rivalités, probablement liées à des règlements de comptes sur fond de trafic de stupéfiants. Des coups de feu retentissent presque chaque nuit, et les forces de l’ordre sont en alerte constante. Plusieurs enquêtes sont en cours, et de nombreux suspects ont déjà été placés en détention provisoire. Des armes de guerre ont même été saisis.
Dans la soirée du samedi 10 au dimanche 11 août 2024, l’agitation atteint un nouveau sommet. Lorsque des détonations résonnent à nouveau dans le quartier, la police est sur les dents. Prévenus par des témoins, ils recherchent un homme à scooter, soupçonné d’être l’auteur des tirs. Pour tenter de l’interpeller, ils déploient aussitôt un dispositif de surveillance (le top inter, dans leur jargon). À 2 h 55, pas d’engin motorisé, mais une Renault Espace force l’un des barrages.
S’ensuit une course poursuite sur près de 10 kilomètres dans l’agglomération, jusqu’aux communes de Betton et Saint-Grégoire. Cette fuite se termine brusquement par une collision enclenchée par un véhicule des forces de l’ordre (voir notre photo). À bord de la voiture interceptée rue de la Monnaie, les policiers découvrent une cagoule et des gants sur l’un des passagers, avant son placement en garde à vue.
Un agent a été blessé au poignet lors de l’impact, le déclenchement de l’airbag étant en cause.
Ce mardi 13 août, les deux jeunes hommes originaires de Cayenne, âgés de 28 ans et de 27 ans, comparaissaient devant le tribunal correctionnel en comparution immédiate pour violences aggravées sur dépositaire de l’autorité publique et refus d’obtempérer. Dans la salle d’audience, l’un des prévenus tente d’expliquer l’inexplicable. « Nous voulions stopper notre automobile en centre-ville, pour être interpellés dans une zone surveillée par des caméras. Nous redoutions des violences policières. »
La présidente du tribunal, en réponse à ces explications, souligne la gravité des faits. « Les accusés ont traversé les villes de Betton, Montgermont et de Saint-Grégoire à 130 km/h, parfois à contresens et en brûlant des feux rouges. Selon plusieurs témoignages, leur véhicule a volontairement percuté plusieurs voitures de police durant la poursuite. »
Le passager avait été victime d’une fusillade en 2023 dans le quartier de Maurepas, sUR fond de trafic de stupéfiants. Deux hommes avaient été tués.
Compte tenu de la dangerosité extrême de leurs comportements, le ministère public a requis une peine de 18 mois de prison pour le conducteur, et 10 mois de sursis probatoire pour le passager. De l’autre côté de la barre, l’avocat du chauffard, maître Arnaud Le Bourdais, a essayé de minimiser les responsabilités. « Il ne cherche pas à dissimuler la vérité, mais il tente simplement de restituer une chronologie guidée par la peur. Mon client n’avait strictement rien à se reprocher lors de son interpellation. Rien n’a été saisi dans son véhicule ! » Le tribunal a relaxé le passager, mais a condamné le conducteur, Lloyd Robo, à 12 mois de prison ferme, tout en révoquant un précédent sursis de 3 mois. Un mandat d’incarcération immédiate a été délivré.
